La ville de Bunia, en Ituri, fait face à une situation alarmante en matière de santé maternelle et néonatale. Selon un rapport récent de la Synergie des sages-femmes et des gynécologues, 26% des femmes ou des bébés ont perdu la vie lors d’accouchements dans des structures sanitaires de la région au cours de l’année 2024. Ce chiffre, particulièrement élevé, soulève des questions cruciales sur les conditions de prise en charge des parturientes et des nouveau-nés dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
Les causes de cette tragédie sont multiples, selon les experts. L’ignorance et la négligence de certains parents figurent parmi les facteurs aggravants, mais ne constituent pas les seules explications à cette hécatombe. Des erreurs médicales et des défaillances dans la prise en charge des patientes sont également pointées du doigt. Comment une telle situation peut-elle persister dans des structures censées sauver des vies ? La question mérite d’être posée alors que des familles entières pleurent leurs disparus.
Le témoignage d’une jeune mère, victime de cette situation, illustre parfaitement les lacunes du système. Après avoir perdu un de ses jumeaux lors de l’accouchement, elle dénonce le manque criant d’équipements de réanimation et les coupures d’électricité qui ont compromis les chances de survie de son enfant. « On devait aller chercher le groupe électrogène à la maison pour sauver l’enfant », raconte-t-elle, encore sous le choc. Ce récit poignant met en lumière les conditions déplorables dans lesquelles se déroulent certains accouchements dans la région.
Face à cette situation d’urgence, les autorités sanitaires locales affirment avoir mis en place un plan de riposte. La formation des prestataires de santé figure parmi les mesures prioritaires, selon le Dr Dudu Kove, chargée du Programme de santé de la reproduction en Ituri. Mais est-ce suffisant ? Les professionnels de santé insistent également sur l’importance du suivi des consultations prénatales, trop souvent négligées par les futures mères. Une meilleure sensibilisation des populations et un renforcement des infrastructures sanitaires semblent indispensables pour inverser la tendance.
Cette crise sanitaire à Bunia reflète les défis plus larges auxquels fait face le système de santé en RDC, particulièrement dans les zones reculées. Alors que le pays dispose d’un potentiel humain et de ressources naturelles considérables, comment expliquer que des femmes continuent de mourir en donnant la vie ? La question de la mortalité maternelle et infantile reste un enjeu majeur de santé publique qui nécessite une mobilisation générale des autorités et des partenaires techniques et financiers.
Entre les promesses des autorités et la réalité sur le terrain, le fossé semble encore immense. Pourtant, des solutions existent : renforcement des capacités du personnel soignant, équipement adéquat des structures sanitaires, sensibilisation accrue des populations. Autant de pistes qui, si elles étaient sérieusement explorées, pourraient sauver des centaines de vies chaque année. En attendant, les femmes de Bunia continuent de mettre au monde leurs enfants dans des conditions souvent périlleuses, au péril de leur vie et de celle de leurs nouveau-nés.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net