Le gouvernement congolais, sous l’impulsion de la Première Ministre Judith Suminwa, a pris une décision majeure lors du Conseil des ministres du 1er novembre 2024. Par le décret n°25/01, il a instauré le couloir vert Kivu-Kinshasa, une initiative ambitieuse visant à promouvoir le développement durable en République Démocratique du Congo. Cette mesure, saluée par la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), représente une opportunité unique pour les zones urbaines, notamment la capitale Kinshasa.
Dans une note d’analyse publiée ce lundi 7 avril 2025, la CORAP a mis en lumière les atouts de Kinshasa pour accueillir ce projet novateur. La ville dispose en effet de ressources naturelles considérables, d’espaces agricoles, de sa proximité avec le fleuve Congo et de réserves naturelles de conservation. Autant d’éléments qui font de la capitale congolaise un terrain propice à l’économie verte et au développement durable.
Emmanuel Musuyu, Secrétaire Exécutif de la CORAP, a souligné lors d’une conférence de presse que cette initiative cadre parfaitement avec la vision de la CORAP
. Il a ajouté que le couloir vert représente une opportunité pour le développement durable de villes modernes
, tout en mettant en avant les potentialités de Kinshasa à répondre aux exigences du projet.
Cependant, derrière cet enthousiasme apparent se cachent des défis de taille. La CORAP a pointé du doigt plusieurs obstacles qui pourraient compromettre la réussite de ce projet phare. Le premier concerne le consentement libre informé et préalable (CLIP), principe fondamental qui n’aurait pas été respecté dans le processus de mise en place du couloir vert. Patient Mwamba, consultant à la CORAP, a déploré le manque de consultation des acteurs clés avant la validation du projet par le gouvernement.
Une autre problématique majeure réside dans la superposition des concessions existantes à Kinshasa avec le futur couloir vert. Cette cohabitation des droits pourrait engendrer des conflits intercommunautaires et menacer la sécurité dans la capitale congolaise. Les droits coutumiers existants ne seront pas modifiés, mais leur coexistence avec les nouvelles règles du couloir vert pourrait créer des tensions
, a expliqué M. Mwamba.
Face à ces défis, la CORAP appelle le gouvernement et l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) à garantir une participation effective des communautés locales et des Peuples Autochtones Pygmées à toutes les étapes du processus. L’organisation insiste sur la nécessité de respecter scrupuleusement leurs droits et les lois du pays.
Malgré ces réserves, la CORAP reste optimiste quant à la capacité des autorités à rectifier le tir. Emmanuel Musuyu a exprimé sa confiance dans la capacité de l’ICCN à travailler avec les différents acteurs pour assurer que les prochaines étapes du projet respectent les principes fondamentaux du développement durable et de la participation citoyenne.
Alors que la RDC s’engage dans cette voie prometteuse de l’économie verte, tous les regards sont tournés vers la mise en œuvre effective de ce couloir vert Kivu-Kinshasa. Entre opportunités de développement et défis à relever, ce projet pourrait bien marquer un tournant dans la politique environnementale congolaise et servir de modèle pour d’autres initiatives similaires en Afrique centrale.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
