Les consultations politiques orchestrées par le Président Félix Tshisekedi, sous la houlette de son conseiller spécial en sécurité Cashmir Eberande Kolongele, ont officiellement pris fin ce mardi 8 avril à Kinshasa. Douze jours de marathon diplomatique qui ont mobilisé l’échiquier politique congolais dans sa diversité, mais dont l’absence notable des poids lourds de l’opposition jette une ombre sur les ambitions affichées de Gouvernement d’union nationale.
Selon les informations recueillies par notre rédaction, cette phase de dialogue aura permis d’auditionner près d’une centaine d’acteurs politiques et sociaux. Des formations parlementaires aux autorités coutumières en passant par les confessions religieuses, la société civile et même des experts constitutionnalistes, tous ont été invités à plancher sur la crise sécuritaire qui ravage l’Est de la RDC. Une démarche inclusive en apparence, mais qui révèle ses limites à l’analyse.
Le dernier jour des travaux a vu défiler des délégations jusqu’à une heure avancée de la nuit, avec notamment la participation symbolique de la famille Lumumba. Tous les intervenants ont, selon nos sources, insisté sur la nécessité d’un « sursaut patriotique » pour former un exécutif capable de faire face à l’urgence sécuritaire. Des propositions concrètes auraient été formulées, mais leur nature reste jalousement gardée par les organisateurs.
Cependant, derrière cette façade consensuelle se cache une réalité politique plus contrastée. La cellule de communication des consultations reconnaît elle-même que « des échanges informels se poursuivent », euphémisme qui trahit les difficultés à clore véritablement ce processus. Et pour cause : les principaux leaders de l’opposition ont brillé par leur absence. Joseph Kabila et son FCC, Moïse Katumbi, Martin Fayulu ou encore Delly Sesanga ont systématiquement boudé ces rencontres, privant le dialogue d’une partie essentielle du spectre politique congolais.
Ce boycott actif pose une question fondamentale : peut-on vraiment parler d’union nationale quand les forces politiques majeures du pays refusent de s’asseoir à la même table ? Les opposants invoquent un double discours présidentiel, accusant ces consultations de n’être qu’une opération de communication pour légitimer un pouvoir en perte de vitesse. Un argument qui trouve écho dans certaines franges de la société civile, pourtant présentes aux discussions.
La balle est désormais dans le camp du Président Tshisekedi. Son conseiller devra dans les prochains jours synthétiser cette montagne de contributions en un rapport circonstancié. Mais le véritable test sera la composition du futur gouvernement. Saura-t-il intégrer des figures crédibles de l’opposition malgré leur absence aux consultations ? Ou se contentera-t-il d’un élargissement cosmétique à quelques partenaires marginaux ?
Alors que la crise sécuritaire dans l’Est du pays atteint des niveaux alarmants, ces questions ne sont pas que protocolaires. Elles touchent à la capacité même de l’État congolais à proposer une réponse crédible et unie face à la menace. Les prochaines semaines diront si ces consultations, malgré leurs imperfections, auront permis de jeter les bases d’une nouvelle dynamique politique ou si elles resteront comme un dialogue de sourds de plus dans l’histoire tourmentée de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net