La crise de l’eau potable à Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba en République Démocratique du Congo, atteint des proportions alarmantes. Selon les dernières informations, seulement 10% des habitants bénéficient des services de la REGIDESO, limités aux anciens quartiers de la ville. Les nouveaux quartiers, en pleine expansion démographique, sont quant à eux totalement privés de cette ressource vitale, plongeant leurs résidents dans une précarité hydrique quotidienne.
Interrogé sur cette situation critique, Peter Eseka, chef de centre à la REGIDESO Kolwezi, pointe du doigt un problème structurel et énergétique. Nos installations dépendent entièrement du courant fourni par la SNEL
, explique-t-il, or les coupures fréquentes ne nous permettent pas de capter régulièrement l’eau du fleuve Congo
. Cette dépendance énergétique paralyse le système d’approvisionnement en eau de toute une région.
La situation s’est considérablement aggravée depuis l’arrêt, il y a trois ans, du site de production de Mutoshi, pourtant considéré comme stratégique. Actuellement, seuls quelques quartiers privilégiés comme la cité Manika, le centre-ville, le quartier Byashara et une partie de Mutoshi continuent à recevoir de l’eau courante. Cette disparité crée une fracture hydrique visible entre les différentes zones de la ville.
Face à cette urgence sanitaire, la REGIDESO mise sur un projet ambitieux financé par la Banque mondiale. L’initiative prévoit la construction d’une nouvelle usine en béton capable de capter et traiter l’eau du fleuve Congo, avec pour objectif d’alimenter les nouveaux quartiers actuellement privés de service. Un bureau d’études a déjà identifié les zones potentielles pour implanter des réserves d’eau
, précise le responsable de la REGIDESO, laissant entrevoir un espoir de solution durable.
En attendant la concrétisation de ces projets, les habitants des quartiers non desservis doivent recourir à des solutions alternatives souvent onéreuses et parfois dangereuses pour la santé. Le recours aux puits artisanaux, aux vendeurs d’eau non contrôlée ou aux points d’eau naturels expose la population à des risques sanitaires majeurs. Cette pénurie d’eau potable impacte non seulement l’hygiène individuelle et collective, mais aussi le développement économique de la région, freinant considérablement les activités commerciales et industrielles.
La situation à Kolwezi reflète un problème plus large d’accès aux services de base en RDC, particulièrement dans les zones urbaines en expansion. Alors que le gouvernement provincial et les partenaires internationaux travaillent à des solutions structurelles, la population continue de payer le prix fort de cette carence en infrastructure hydraulique. Combien de temps encore faudra-t-il attendre avant que chaque citoyen de Kolwezi puisse bénéficier d’un droit fondamental : l’accès à l’eau potable ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd