Dans un coup de théâtre diplomatique, la Présidence de la République Démocratique du Congo a annoncé la suspension immédiate de tous ses contrats de lobbying avec des firmes américaines, dont le controversé Earhart Turner LLC. Cette décision, prise au lendemain de la visite du Conseiller Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, à Kinshasa, interroge sur les véritables enjeux des relations bilatérales entre les deux pays.
Selon le communiqué officiel de Tina Salama, porte-parole du Président Tshisekedi, cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une volonté de « privilégier des échanges directs avec la nouvelle administration américaine par des canaux officiels ». Un langage diplomatique qui masque mal les tensions sous-jacentes autour des contrats de lobbying, souvent opaques, qui lient Kinshasa à Washington. La RDC, riche en ressources minières, semble vouloir reprendre la main sur ses relations stratégiques avec les États-Unis.
Cette annonce survient après des discussions tendues entre Félix Tshisekedi et Massad Boulos, centrées sur deux dossiers brûlants : la sécurité dans l’Est de la RDC et les investissements américains dans le secteur minier congolais. Le Conseiller de Trump a évoqué un futur « accord sur les minéraux », promettant des investissements « de plusieurs milliards de dollars » et un transfert de connaissances. Des promesses qui sonnent comme un écho lointain des vieux rêves de partenariats équitables, tant de fois déçus.
Pourtant, derrière ces belles paroles, les opposants congolais dénoncent une nouvelle tentative de « bradage » des ressources nationales. Pour eux, Tshisekedi, fragilisé par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, chercherait à s’assurer le soutien américain en échange de concessions minières. Une stratégie risquée, alors que la population congolaise attend toujours les retombées des précédents partenariats.
La question sécuritaire reste également au cœur des préoccupations. Si Massad Boulos a réaffirmé l’engagement des États-Unis pour « contribuer à la fin du conflit » dans l’Est, les mots peinent à convaincre. Dans cette région en proie à la violence depuis des décennies, les annonces de soutien international se sont souvent évaporées face aux réalités géopolitiques complexes.
Cette suspension des contrats de lobbying marque-t-elle un tournant dans la politique étrangère congolaise ? Ou n’est-elle qu’une manœuvre tactique en attendant des jours meilleurs ? Tshisekedi joue manifestement un jeu subtil, tentant de concilier souveraineté nationale et nécessité de partenariats stratégiques. Mais dans ce poker menteur des relations internationales, la RDC parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu ? La suite des événements nous le dira, mais une chose est sûre : les enjeux économiques et sécuritaires de cette décision auront des répercussions durables sur l’avenir du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
