Une tension palpable règne depuis samedi 5 avril à Kasindi-Lubirigha, cité frontalière du territoire de Beni dans le Nord-Kivu. Des centaines d’agriculteurs locaux ont manifesté leur colère contre ce qu’ils considèrent comme une injustice flagrante des autorités. À l’origine de cette mobilisation populaire : la saisie controversée d’un camion transportant du cacao par les forces de l’ordre.
Les événements remontent à lundi dernier lorsque les services de sécurité ont intercepté un véhicule chargé de sacs de cacao en provenance des champs du groupement de Basongora, situé à une dizaine de kilomètres de Kasindi. Les autorités policières soupçonnent une fraude liée à cette cargaison, une accusation fermement rejetée par les agriculteurs concernés.
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« Cette cargaison provient bel et bien de nos plantations et était destinée à être stockée dans un dépôt local », affirme avec insistance le président des agriculteurs de Kasindi-Lubirigha. Une déclaration qui contraste avec la version officielle des forces de l’ordre, créant ainsi un climat de défiance entre la population et les autorités.
Cinq jours après les faits, le camion et sa précieuse cargaison restent sous séquestre des services de sécurité. Cette situation intenable a poussé les agriculteurs à organiser un sit-in devant les locaux de l’Office national des produits agricoles du Congo (ONAPAC) et de l’Office congolais de contrôle (OCC). Une mobilisation pacifique mais déterminée pour réclamer justice et le retour de leur moyen de subsistance.
Contacté par nos confrères, Barthélemy Kambale, délégué du gouverneur dans la zone, a appelé au calme tout en indiquant que des négociations étaient en cours pour trouver une issue à ce différend. Mais la population, lasse des promesses non tenues, semble déterminée à maintenir la pression jusqu’à obtenir gain de cause.
Cette affaire met en lumière les difficultés quotidiennes des agriculteurs congolais, particulièrement dans les zones frontalières où les contrôles sont souvent perçus comme arbitraires. Elle soulève également des questions cruciales sur la gestion des ressources agricoles et les relations parfois tendues entre les producteurs locaux et les autorités en charge du contrôle des marchandises.
Le cacao, produit phare de cette région frontalière avec l’Ouganda, représente pour beaucoup de familles l’unique source de revenus. Sa saisie, qu’elle soit justifiée ou non, plonge des centaines de ménages dans une précarité inquiétante. Une situation qui explique l’ampleur de la mobilisation et la détermination des manifestants.
Alors que les négociations se poursuivent, toute la région du Nord-Kivu a les yeux tournés vers Kasindi-Lubirigha. Cette affaire dépasse le simple cadre d’une saisie de marchandise pour toucher à des questions fondamentales de justice sociale et de respect des droits des producteurs locaux dans une région marquée par des années de conflits et d’instabilité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net