Dans la région de Djugu, en Ituri, une crise agricole silencieuse frappe durement les populations locales. Des tonnes de produits agricoles, dont des pommes de terre, des choux, des tomates et des haricots, pourrissent dans les champs des villages de Largu et Drodro. Cette situation alarmante résulte d’une combinaison de facteurs : l’insécurité persistante et le manque criant de moyens de transport pour évacuer les récoltes vers les centres urbains comme Bunia.
Le paradoxe est amer pour cette région historiquement considérée comme le grenier de l’Ituri. Alors que les champs regorgent de productions, les cultivateurs assistent, impuissants, à la décomposition de leur labeur. Charité Banza, responsable de la société civile de Bahema Nord, décrit une situation de double peine : « Les routes sont impraticables à cause des groupes armés. Les légumes pourrissent sur place alors que dans le même temps, les produits de première nécessité deviennent rares et hors de prix ».
L’impact économique de cette paralysie est considérable. Le prix du carburant a connu une flambée spectaculaire, passant de 3 500 à 5 000 francs congolais le litre. Cette hausse vertigineuse affecte toute la chaine logistique et aggrave la précarité des ménages. La pénurie touche également des biens essentiels comme le savon ou le sel, créant une situation de crise humanitaire dans cette zone pourtant fertile.
Cette crise ne se limite pas au seul territoire de Djugu. Les territoires voisins d’Irumu et Mambasa, également sous l’emprise de milices, subissent le même sort. Les acteurs locaux tirent la sonnette d’alarme et réclament une intervention urgente des autorités. La sécurisation des axes routiers apparaît comme la priorité absolue pour relancer l’économie agricole régionale et permettre aux produits d’atteindre les marchés urbains.
Cette situation pose des questions cruciales sur la résilience des systèmes agricoles en période de conflit. Comment exploiter le potentiel agricole de l’Ituri dans un contexte d’insécurité chronique ? Quelles solutions alternatives pourraient être mises en place pour assurer la circulation des biens et des personnes ? La réponse à ces interrogations déterminera l’avenir économique de toute une région.
Alors que la RDC cherche à diversifier son économie, le cas de l’Ituri rappelle cruellement l’importance de la sécurité comme prérequis au développement. Les pertes agricoles actuelles représentent non seulement un gâchis alimentaire, mais aussi un manque à gagner considérable pour les producteurs locaux et l’économie nationale. La résolution de cette crise nécessitera une approche globale, combinant sécurisation, réhabilitation des infrastructures et soutien aux agriculteurs.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net