Dans un pays où la culture RDC peine parfois à trouver sa place face aux urgences économiques, une lueur d’espoir émerge discrètement au sein de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Le département de conservation et restauration des œuvres d’art, dirigé par la dynamique Francine Mava, forme une nouvelle génération de gardiens du patrimoine artistique congolais. Mais au-delà de la simple préservation, que représente réellement cette filière méconnue du grand public ?
“Nous combattons l’oubli et la dégradation, jour après jour”, confie Francine Mava dans un entretien exclusif. Avec environ cent étudiants formés en cinq ans, ce département jeune et innovant mise sur un savant mélange de sciences exactes et de sensibilité artistique. Chimie, physique, histoire de l’art et techniques artistiques : le curriculum est aussi exigeant qu’atypique dans le paysage éducatif congolais.
Les défis ne manquent pas pour ces futurs spécialistes. Dans un contexte où les actualités RDC sont souvent dominées par les crises politiques, la préservation du patrimoine culturel peut sembler secondaire. Pourtant, les étudiants de cette filière développent des compétences rares : identification des matériaux constitutifs des œuvres, analyse des mécanismes de dégradation, mise en œuvre de traitements sur mesure. Autant de savoir-faire précieux pour un pays riche d’une création artistique foisonnante mais vulnérable.
“Contrairement à certaines disciplines traditionnelles qui perdent de leur attractivité, notre métier a de l’avenir”, assure Francine Mava. Un optimisme partagé par ses étudiants, qui voient dans cette spécialisation une opportunité unique de concilier passion artistique et débouchés professionnels. Reste à savoir si les institutions culturelles congolaises, souvent sous-financées, pourront absorber cette nouvelle génération de talents.
Alors que les nouvelles congolaises en matière d’éducation se focalisent généralement sur les filières classiques, cette initiative démontre qu’innovation et tradition peuvent coexister. Le département de Francine Mava pourrait bien être le laboratoire d’une nouvelle approche de la valorisation du patrimoine culturel en RDC. Une question demeure : saurons-nous donner à ces conservateurs en herbe les moyens de protéger notre mémoire collective ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd