Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) franchit une étape majeure dans la lutte contre le paludisme avec un projet ambitieux de construction d’une usine locale de production de moustiquaires imprégnées d’insecticide. Cette initiative, portée par les ministères de la Santé, de l’Hygiène, de la Prévoyance sociale et de l’Industrie, pourrait bien révolutionner la stratégie sanitaire du pays face à ce fléau qui touche des millions de Congolais.
Lors d’une réunion technique avec le Boston Consulting Group (BCG), chargé de la mise en œuvre du projet, les autorités ont dévoilé les contours de ce programme d’envergure. La future unité de production aura une capacité annuelle estimée à 30 millions de moustiquaires, représentant environ 15% de la production mondiale. Un chiffre qui positionnerait la RDC comme acteur clé dans ce secteur stratégique.
« Ce projet s’inscrit dans une double logique », explique Matthieu Lamiaux, directeur associé senior chez BCG. « D’une part, il permettra de renforcer significativement la lutte contre le paludisme en RDC en garantissant un approvisionnement stable et de qualité. D’autre part, il marquera une étape cruciale vers l’autonomie sanitaire du pays, qui importe actuellement la totalité de ses moustiquaires. »
Au-delà des bénéfices sanitaires évidents, cette initiative promet des retombées économiques substantielles. La création de plusieurs milliers d’emplois directs et indirects est attendue, ainsi que le développement de filières industrielles connexes dans le textile et la transformation des matières plastiques. Un véritable levier pour l’économie congolaise et le développement des compétences locales.
Les discussions en cours entre le gouvernement et les experts du BCG portent notamment sur les aspects logistiques, l’approvisionnement en matières premières et la viabilité économique du projet. Ces éléments détermineront le calendrier précis de mise en œuvre et les modalités opérationnelles.
Cette annonce intervient dans un contexte où la RDC intensifie sa lutte contre le paludisme. Rappelons qu’en octobre 2024, les autorités sanitaires, en partenariat avec l’OMS et l’UNICEF, avaient lancé à Mbanza-Ngungu (Kongo Central) la vaccination contre le paludisme avec le nouveau vaccin R21/Matrix-M. Une initiative saluée par la communauté internationale mais qui ne suffit pas à elle seule à endiguer la maladie.
Les chiffres du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) sont alarmants : 27 657 762 cas enregistrés et 24 344 décès liés à cette maladie. Face à ce constat, la production locale de moustiquaires apparaît comme une solution complémentaire essentielle pour réduire la transmission et sauver des vies.
Si ce projet aboutit, la RDC pourrait devenir un modèle en matière de lutte contre le paludisme en Afrique, combinant vaccination massive et protection mécanique à grande échelle. Une perspective qui redonne espoir alors que le paludisme reste l’une des principales causes de mortalité dans le pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
