La capitale congolaise, Kinshasa, fait face depuis le week-end dernier à une situation des plus alarmantes. Des inondations d’une ampleur exceptionnelle ont plongé plusieurs quartiers dans le chaos, paralysant la circulation et mettant en danger des milliers de vies. Le boulevard Lumumba, artère vitale de la ville, s’est transformé en un gigantesque lac, piégeant des dizaines de véhicules et leurs occupants.
Selon des témoignages recueillis sur place, la rivière Ndjili, en crue depuis vendredi soir, a débordé de son lit, submergeant plusieurs axes routiers stratégiques. Le pont Ndjili, point névralgique du trafic kinois, est devenu le théâtre d’une scène apocalyptique où des milliers de personnes sont bloquées depuis plus de 24 heures. « Nous sommes pris au piège », confie un conducteur visiblement épuisé, « l’eau monte et nous n’avons nulle part où aller ».
Les quartiers périphériques n’ont pas été épargnés. À Ndanu, Petro Congo et dans le quartier 8 de Masina, comme dans plusieurs secteurs de Kinseso, l’eau a tout envahi, contraignant de nombreuses familles à passer la nuit à ciel ouvert. Les récits qui nous parviennent décrivent une situation humanitaire critique : enfants isolés, femmes enceintes en détresse, habitations submergées. Une mère de famille, la voix brisée par l’angoisse, lance un appel au secours : « Mes enfants sont seuls dans la maison inondée. Nous avons besoin d’aide urgemment ».
Face à cette catastrophe, la colère gronde parmi la population. Les Kinois dénoncent l’absence de réaction des autorités et le manque criant de mesures préventives. Le gouverneur de la ville, Daniel Bumba, a pointé du doigt les constructions anarchiques dans les zones inondables, promettant des mesures drastiques. « Nous allons procéder à des déguerpissements forcés dans les zones à risque », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant l’urgence de la situation.
Alors que le bilan humain reste encore incertain, une question brûlante s’impose : comment la capitale de la RDC, pourtant régulièrement confrontée à ce type de catastrophes, peut-elle encore se trouver aussi démunie face aux caprices de la nature ? Les experts en urbanisme soulignent depuis des années la nécessité d’un plan global de prévention et d’aménagement du territoire. À quand une véritable politique de gestion des risques dans une ville où, chaque année, des vies sont emportées par les eaux ?
Cette nouvelle catastrophe naturelle vient rappeler cruellement la vulnérabilité de Kinshasa face aux phénomènes climatiques extrêmes. Alors que la saison des pluies bat son plein, la population retient son souffle, craignant de nouvelles montées des eaux. Les autorités se trouveront-elles à la hauteur pour prévenir la prochaine tragédie ? La question reste en suspens, tandis que des milliers de Kinois continuent de lutter contre les flots déchaînés.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net