La situation humanitaire et sanitaire dans la région de Mabalako, située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Beni, atteint un niveau critique. Selon les informations recueillies auprès de la société civile locale, le centre de santé de cette localité peine à fonctionner correctement en raison d’une combinaison de facteurs alarmants.
Depuis plusieurs mois déjà, le personnel médical a déserté les lieux, fuyant les exactions répétées des groupes armés qui sévissent dans la zone. Cette absence prolongée des soignants a plongé la population dans une détresse sanitaire sans précédent. Comment une structure de santé peut-elle continuer à fonctionner sans son personnel qualifié ? La question se pose avec acuité alors que des dizaines de milliers de personnes dépendent de ce centre.
À cette crise humaine s’ajoute une pénurie criarde de médicaments essentiels. Le centre de santé de Mabalako, autrefois capable de fournir des soins de qualité, ne parvient plus aujourd’hui qu’à assurer un service minimum, laissant une grande partie de la population sans accès aux soins de base. Dans une région déjà fragilisée par des années de conflits, cette situation représente un danger majeur pour la santé publique.
Tchetche Musubao Aliamini, président de la société civile de Baswagha-Lubena, ne mâche pas ses mots pour décrire la situation : « Les activités reprennent timidement. Mais le centre de santé de Mabalako, situé dans le quartier Kamahume, a été durement touché par les affrontements entre groupes armés. » Son témoignage met en lumière l’impact direct de l’insécurité sur le système de santé local.
Certains signes laissent cependant entrevoir un fragile espoir. Quelques membres du personnel soignant commencent à revenir progressivement pour évaluer la situation. Mais ces retours timides ne suffisent pas à combler le vide laissé par des mois d’abandon. La société civile plaide pour un renforcement immédiat des moyens de cet établissement sanitaire, unique dans la région.
Le manque de médicaments reste une préoccupation majeure. Aliamini exprime toutefois l’espoir que « la nouvelle gestion en place permette une reprise durable des activités ». Un espoir qui devra se concrétiser rapidement pour éviter une aggravation de la situation sanitaire dans cette partie de la RDC déjà fortement éprouvée.
Cette crise locale s’inscrit dans un contexte plus large de fragilité du système de santé en République Démocratique du Congo, particulièrement dans les zones touchées par les conflits armés. Elle pose des questions fondamentales sur l’accès aux soins dans les régions reculées et l’impact des violences sur les infrastructures essentielles.
Alors que la communauté internationale se concentre souvent sur les aspects sécuritaires des crises en RDC, cette situation à Mabalako rappelle cruellement que les conséquences humanitaires des conflits perdurent bien après les affrontements, affectant durablement les populations civiles. La reconstruction du système de santé dans ces zones représente un défi majeur pour les autorités congolaises et leurs partenaires.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
