La situation carcérale dans la prison centrale de Bulungu, en province du Kwilu, atteint un niveau critique. La société civile locale tire la sonnette d’alarme face à des conditions de détention qualifiées d’inhumaines et dangereuses. Selon les informations recueillies, cette infrastructure vétuste, conçue initialement pour 30 détenus, en héberge aujourd’hui plus de 150, créant une promiscuité extrême aux conséquences dramatiques.
Depuis le début de l’année, près de 15 décès ont été enregistrés parmi les prisonniers. Les causes principales ? Une malnutrition sévère et l’absence totale de soins médicaux. « Les détenus sont condamnés à une mort lente », dénonce Frank Kitapindu, président de la société civile du territoire de Bulungu. Un constat accablant qui révèle l’ampleur de la crise humanitaire dans cette prison oubliée.
Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Le manque chronique de subventions étatiques apparaît comme le principal responsable de cette tragédie. Sans budget alloué pour la nourriture ou les médicaments, l’administration pénitentiaire se trouve dans l’incapacité totale de répondre aux besoins élémentaires des détenus. La dernière aide gouvernementale remonterait à plusieurs années, selon les sources locales.
L’état des lieux décrit par les observateurs donne froid dans le dos : des murs fissurés, des toitures menaçant de s’effondrer, une infrastructure coloniale devenue obsolète et dangereuse. Face à cette urgence, la société civile exige une intervention immédiate des autorités provinciales et nationales. « Nous ne pouvons plus attendre. Chaque semaine qui passe coûte des vies », insiste Frank Kitapindu.
Au-delà des mesures d’urgence, les acteurs locaux réclament une solution pérenne : la construction d’une nouvelle prison répondant aux normes internationales. Un projet qui semble pourtant bien loin des priorités gouvernementales actuelles, alors que les conditions de détention en RDC font régulièrement l’objet de critiques de la part des organisations internationales des droits de l’homme.
Cette situation à Bulungu n’est malheureusement pas un cas isolé dans le pays. Elle reflète une problématique plus large du système carcéral congolais, où le surpeuplement et le manque de moyens constituent la norme plutôt que l’exception. Une réalité qui interpelle sur la capacité de l’État à garantir les droits fondamentaux des personnes privées de liberté, pourtant protégés par la Constitution et les engagements internationaux de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
