Dans un contexte géopolitique volatile où l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) reste en proie à des conflits armés récurrents, la visite de Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique du Président américain Donald Trump, à Kinshasa ce jeudi 3 avril, marque un tournant dans les relations bilatérales entre les deux pays. Reçu par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la Cité de l’Union Africaine, l’émissaire américain a réaffirmé l’engagement des États-Unis à œuvrer pour une paix durable dans la région.
« Nous souhaitons une paix durable qui affirme l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC, tout en posant les bases d’une économie régionale florissante », a déclaré Massad Boulos, soulignant ainsi la double ambition américaine : stabiliser politiquement la région tout en y développant des opportunités économiques. Une déclaration qui, sous couvert de bonnes intentions, interroge sur les véritables motivations de Washington. Les États-Unis cherchent-ils réellement à pacifier l’Est congolais, ou s’agit-il avant tout de sécuriser leurs intérêts économiques dans une région riche en ressources minières ?
Accompagné de Mme Corina Sanders, Secrétaire d’État adjointe pour les Affaires africaines, et de Dan Dunham, directeur du Conseil national de sécurité pour l’Afrique, Massad Boulos a évoqué un accord sur les minéraux proposé par la RDC. « Nous avons pris connaissance de cette proposition, et je suis heureux d’annoncer que le Président et moi avons convenu d’une voie à suivre pour son élaboration », a-t-il affirmé. Cet accord, s’il se concrétise, pourrait ouvrir la voie à des investissements massifs du secteur privé américain dans le secteur minier congolais, un domaine où les convoitises internationales ne manquent pas.
Mais derrière les promesses de milliards de dollars et de création d’emplois, se cache une réalité plus complexe. « Il ne peut y avoir de prospérité économique sans sécurité », a rappelé Massad Boulos, soulignant ainsi le lien indissoluble entre stabilité politique et développement économique. Une évidence qui, dans le contexte congolais, prend des allures de défi titanesque. Les groupes armés qui sévissent dans l’Est du pays, souvent soutenus par des intérêts étrangers, constituent un obstacle majeur à toute tentative de pacification et de développement.
La tournée régionale de Massad Boulos, qui le mènera également au Rwanda, au Kenya et en Ouganda, s’inscrit dans cette logique de recherche d’une paix durable et de promotion des investissements. Mais là encore, les intentions affichées méritent d’être scrutées à la loupe. Les États-Unis, en multipliant les rencontres avec les chefs d’État de la région, cherchent-ils véritablement à apaiser les tensions, ou à consolider leur influence dans une zone stratégique pour leurs intérêts économiques et géopolitiques ?
La réponse à cette question déterminera en grande partie l’avenir des relations entre la RDC et les États-Unis. Si les investissements américains peuvent effectivement contribuer au développement économique du pays, ils ne doivent pas se faire au détriment de la souveraineté congolaise. Le gouvernement de Félix Tshisekedi saura-t-il négocier ces accords en préservant les intérêts nationaux, ou se contentera-t-il de jouer le rôle de facilitateur pour les entreprises étrangères ? L’enjeu est de taille, et les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net