Le paysage sécuritaire de la République Démocratique du Congo connaît un remaniement significatif ce mois d’avril. Par une série d’ordonnances présidentielles lues sur la télévision nationale, plusieurs hauts gradés de la Police Nationale Congolaise (PNC) ont été mutés ou promus à des postes clés. Une véritable valse des épaulettes qui interroge sur la stratégie sécuritaire du gouvernement face aux défis multiformes qui secouent le pays.
Au cœur de ces changements, la nomination du commissaire divisionnaire Israël Kantu Bankulu comme nouveau commandant de la PNC pour la ville de Kinshasa. Une décision qui n’est pas anodine, tant la capitale congolaise représente un enjeu sécuritaire et politique majeur. Bankulu succède ainsi à Blaise Kilimbalimba, muté quant à lui à la tête de la police du Haut-Katanga, province minière stratégique où les enjeux sécuritaires sont tout aussi cruciaux.
Ces nominations interviennent dans un contexte où la PNC est régulièrement critiquée pour son manque d’efficacité dans la lutte contre l’insécurité grandissante dans plusieurs régions du pays. Le choix d’Israël Kantu Bankulu pour Kinshasa est-il le signe d’une volonté de renforcer la sécurité dans une capitale où les cambriolages et autres actes de banditisme font régulièrement la une des faits divers RDC ?
Parmi les autres mutations notables, on note la désignation du commissaire Ngoy Sengolakio à la tête de l’Unité de Protection des Hautes Personnalités (UPHP). Une nomination qui prend tout son sens alors que les questions de sécurité des dirigeants politiques restent une préoccupation majeure en RDC. De même, la promotion de Jean-Félix Safari à la tête de la Légion Nationale d’Intervention (LENI) semble indiquer une volonté de restructurer les unités d’élite de la police congolaise.
Ces changements à la tête de la PNC interviennent alors que le pays fait face à de multiples défis sécuritaires, des violences à l’Est aux tensions politiques dans plusieurs provinces. La nomination d’Elvis Palanga comme commandant de la Police pour le Kasaï central, région régulièrement en proie à des tensions communautaires, est-elle le signe d’une nouvelle approche sécuritaire ?
Le commissaire divisionnaire Balekukayi Mwakadi Isaac Bertin, nommé commissaire général adjoint chargé de la Police judiciaire, aura quant à lui la lourde tâche de redorer le blason d’une institution souvent accusée de corruption et de partialité. De même, la promotion de Tshibangu Tumbila Elias comme Inspecteur général adjoint de la PNC chargé de l’appui et de la gestion semble répondre aux critiques récurrentes sur la gestion des ressources humaines et matérielles au sein de la police congolaise.
Ces nominations massives, qui touchent presque toutes les provinces de la RDC, dessinent-elles les contours d’une nouvelle politique sécuritaire ? Ou ne sont-elles que le résultat des habituelles recompositions politico-administratives qui accompagnent chaque nouvelle phase de la gouvernance congolaise ? La réponse se trouvera peut-être dans la capacité de ces nouveaux responsables à apporter des solutions concrètes aux problèmes sécuritaires qui minent le pays.
Une chose est certaine : ces changements à la tête de la PNC interviennent à un moment crucial pour la RDC, alors que le pays tente de stabiliser sa situation sécuritaire tout en préparant les prochaines échéances électorales. Le succès ou l’échec de ces nouvelles équipes pourrait bien déterminer le climat sécuritaire des mois à venir dans les différentes régions du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
