Dans un rebondissement inattendu qui en dit long sur les fractures politiques persistantes en République Démocratique du Congo, le Front Commun pour le Congo (FCC) a vivement démenti toute participation aux consultations orchestrées par la mouvance présidentielle. Par un communiqué cinglant publié ce mercredi 2 avril 2025, la plateforme kabiliste a désavoué Jeannot Lompempe, présenté comme son émissaire aux négociations pilotées par Eberande Kolongele, conseiller spécial du président Tshisekedi.
Le ton est sans équivoque : « Notre famille politique n’est pas concernée par cette messe qui ne réglera en rien la crise politique », assène le FCC, qualifiant M. Lompempe d’« imposteur » sans mandat pour représenter l’ex-camp présidentiel. Une charge violente qui intervient alors que ledit émissaire s’était présenté flanqué d’une délégation de jeunes se réclamant du kabilisme, dans un ballet médiatique savamment chorégraphié.
Ce coup d’éclat révèle les lignes de faille d’une opposition congolaise plus divisée que jamais. Depuis son boycott des scrutins de 2023 – législatifs, municipaux et surtout présidentiel -, le FCC campe sur une position de refus radical face aux initiatives de dialogue proposées par l’Union Sacrée. Une stratégie de la chaise vide qui interroge : jusqu’où peut-on durablement influencer le jeu politique en s’excluant des arènes de négociation ?
L’affaire Lompempe soulève par ailleurs des questions troublantes sur les tentatives d’infiltration ou de récupération des processus de médiation. Qui a intérêt à faire croire à un rapprochement factice entre anciens et nouveaux maîtres de Kinshasa ? Certains y verront la marque de manipulateurs cherchant à brouiller les cartes, d’autres le signe d’une opposition en pleine ébullition, tiraillée entre frondeurs et pragmatiques.
Reste que cette polémique intervient dans un contexte politique particulièrement inflammable. Alors que la RDC peine à tourner la page des années Kabila, chaque faux pas diplomatique risque d’attiser les braises d’une crise latente. Le pouvoir tsisekediste, lui, joue sa crédibilité en tentant d’élargir le cercle des consultations au-delà de sa base partisane. Un pari risqué, dont l’échec pourrait durablement hypothéquer ses ambitions d’apaisement.
Observateurs et analystes politiques s’interrogent : cette nouvelle passe d’armes sonne-t-elle le glas des espoirs de dialogue ou n’est-elle qu’un épisode de plus dans le feuilleton des recompositions partisanes ? Une chose est sûre, le feuilleton politique congolais n’a pas fini de tenir en haleine ses spectateurs. Prochain épisode : les réactions de l’Union Sacrée face à ce camouflet inattendu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
