La désignation de Philippe Akamituna Ndolo comme candidat officiel de l’Union sacrée pour le poste de gouverneur du Kwilu a provoqué une onde de choc au sein de la coalition présidentielle, à moins de 24 heures des élections provinciales prévues ce mercredi 2 avril. Ce qui devait être un moment d’unité se transforme en un véritable cas d’école des dissensions internes qui minent parfois les grandes coalitions politiques en République Démocratique du Congo.
Le communiqué du secrétaire permanent de l’Union sacrée, censé sceller l’unanimité autour d’un candidat unique, a plutôt ouvert la boîte de Pandore des rivalités intestines. Plusieurs formations politiques membres de l’USN ont vivement rejeté ce qu’elles qualifient de « décision unilatérale », dénonçant une procédure opaque et précipitée. Dans les actualités politiques RDC, ce genre de rebondissement n’est pas sans rappeler les précédents épisodes de division au sein des majorités présidentielles.
L’AFDC, l’un des piliers de l’Union sacrée au Kwilu, a été la première à sortir de ses gonds. Ethis Mbala, son président fédéral et figure influente de la coalition, n’a pas mâché ses mots : « C’est un faux document… Je l’ai lu sur les réseaux sociaux comme tout le monde ». Cette sortie médiatique, aussi véhémente qu’inattendue, jette une lumière crue sur les fractures au sein de l’USN. Comment une telle décision, supposément collective, pourrait-elle être prise sans consulter les secrétaires exécutifs provinciaux ? La question, rhétorique, en dit long sur les méthodes parfois controversées de gestion des coalitions politiques en RDC.
Le regroupement 4AC/ACTE a emboîté le pas, avec des arguments juridiques à l’appui. Me Muzama Malela, cadre du parti, a pointé du doigt le non-respect des procédures statutaires : « L’Union sacrée devait convoquer le présidium… La procédure est biaisée ». Ce langage technique masque mal la colère des laissés-pour-compte d’une décision perçue comme imposée d’en haut. Dans les analyses politiques RDC, ce cas illustre parfaitement le décalage entre les appareils centraux et les dynamiques locales.
Face à cette levée de boucliers, les partisans du candidat désigné campent sur leurs positions. Crispin Sankwedi, président fédéral de l’UCC, a rappelé la discipline requise : « Lorsque le secrétaire Mbata écrit, c’est sur ordre du chef de l’État ». Cet argument d’autorité, s’il peut sembler imparable, ne suffira probablement pas à apaiser les tensions. Le timing particulièrement serré – à quelques heures seulement du scrutin – ajoute une dimension dramatique à cette crise interne.
Le paysage électoral du Kwilu présente une particularité notable : sur les seize candidats en lice, tous sont théoriquement membres de l’Union sacrée, bien que certains aient choisi de se présenter en indépendants. L’absence totale de candidature de l’opposition transforme cette élection en un règlement de comptes interne à la majorité présidentielle. Cette situation inédite dans les actualités régionales RDC pose question : l’unité affichée de l’USN n’était-elle qu’un leurre ?
Alors que les députés provinciaux s’apprêtent à voter, plusieurs scénarios se dessinent. Le plus probable verrait le candidat officiel l’emporter malgré les protestations, grâce au poids des appareils politiques. Mais cette victoire, si elle se confirme, pourrait laisser des séquelles durables au sein de la coalition. À moins que les tractations de dernière minute ne permettent un compromis in extremis, cette affaire risque de marquer durablement les nouvelles congolaises politiques à venir.
Au-delà du cas spécifique du Kwilu, cet épisode interroge sur la gouvernance des grandes coalitions politiques en RDC. Entre centralisme décisionnel et aspirations locales, entre discipline de parti et représentativité, l’équilibre semble difficile à trouver. À l’heure où le pays s’achemine vers des échéances électorales majeures, cette crise locale pourrait bien préfigurer des tensions à plus grande échelle. Les prochains jours nous diront si l’Union sacrée a su tirer les leçons de ce qui ressemble fort à un avertissement.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
