Dans un geste hautement symbolique, le président Félix Tshisekedi a lancé ce mardi 1er avril 2025 une initiative majeure pour la mémoire collective congolaise. Au Centre culturel international de Kinshasa, le chef de l’État a annoncé la création d’un groupe d’experts chargé d’évaluer les préjudices du Genocost, marquant ainsi une étape cruciale dans le long processus de reconnaissance internationale des crimes commis en RDC.
« Engageons-nous à l’appropriation collective du Genocost, à la reconnaissance internationale du génocide commis en République démocratique du Congo et à la promotion de la culture de la paix ! », a déclaré le président devant une assemblée attentive. Ces mots, prononcés avec une solennité particulière, résonnent comme un appel à l’unité nationale face à un passé douloureux que la RDC tente de surmonter.
La table ronde sur l’appropriation du génocide congolais, ouverte la veille, représente le cadre institutionnel de cette démarche historique. Organisée par la Commission interministérielle d’aide aux victimes (CIA-VAR) en collaboration avec le Fonds national de réparation (FONAREV), cette initiative vise à établir une stratégie nationale pour obtenir la reconnaissance tant attendue par la communauté internationale.
Le président Tshisekedi n’a pas manqué de rappeler le contexte géopolitique tendu : « Notre pays continue à subir une guerre injuste et notre intégrité territoriale demeure menacée ». Une allusion transparente aux conflits persistants dans l’est du pays, où les violences continuent de faire des victimes quotidiennement.
Le groupe d’experts annoncé aura pour mission délicate d’établir un bilan précis des pertes humaines et des préjudices subis. Cette tâche herculéenne s’appuiera sur des données souvent fragmentaires, dans un pays où les conflits se superposent depuis des décennies. Le caractère interdisciplinaire de cette équipe témoigne de la complexité du dossier.
Sur le front législatif, le chef de l’État a pressé son gouvernement de finaliser le cadre normatif relatif à la justice transitionnelle. Un signal fort envoyé aux partenaires internationaux, alors que la RDC s’apprête à commémorer le 2 août prochain la journée nationale dédiée aux victimes des tragédies congolaises.
Cette initiative s’inscrit dans une temporalité politique sensible, à mi-parcours du second mandat présidentiel. Le président Tshisekedi semble vouloir marquer l’histoire en faisant de la reconnaissance du génocide congolais un élément central de son héritage politique. Mais le chemin sera long : entre les résistances diplomatiques, les enjeux géostratégiques régionaux et la difficulté intrinsèque à qualifier juridiquement des événements complexes, les obstacles ne manqueront pas.
La communauté internationale, souvent accusée de passivité face aux drames congolais, sera-t-elle enfin prête à entendre ce cri de vérité ? Les prochains mois nous le diront, alors que la RDC entend bien porter ce dossier sur toutes les tribunes internationales. Une chose est certaine : Kinshasa a décidé d’écrire elle-même cette page douloureuse de son histoire, refusant que d’autres ne le fassent à sa place.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net