Dans le territoire de Faradje, province du Haut-Uele, un silence inquiétant s’est abattu sur les ondes de la Radio Communautaire Étoile d’Aba (RCE/Aba). Depuis le 12 mars 2025, ce média essentiel pour la population locale a suspendu ses activités, victime d’un climat de terreur insoutenable. Comment en est-on arrivé à ce que des journalistes, dont le rôle est pourtant vital dans une démocratie, soient contraints de se taire par peur pour leur sécurité ?
Les tensions communautaires liées à un conflit coutumier dans la cité frontalière d’Aba ont fini par rattraper les professionnels de l’information. « Nous ne pouvons plus travailler normalement », confie un journaliste sous couvert d’anonymat. « Chaque reportage, chaque émission devient un risque. » La correspondance adressée aux autorités provinciales et territoriales dresse un tableau alarmant : menaces directes, pressions constantes, environnement de travail devenu hostile. Face à cette situation intenable, l’équipe de la RCE/Aba a pris la douloureuse décision de cesser temporairement ses émissions.
Cette suspension intervient dans un contexte où les actualités RDC font régulièrement état d’atteintes à la liberté de la presse dans différentes régions du pays. Les journalistes de Faradje s’appuient pourtant sur l’article 24 de la Constitution congolaise qui garantit formellement la liberté d’expression. « Nous exigeons simplement de pouvoir exercer notre métier sans mettre nos vies en danger », insiste un membre de la rédaction. Leur appel vise autant les autorités provinciales que nationales, sans oublier la société civile et l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC).
La situation à Aba n’est malheureusement pas un cas isolé dans les actualités régionales RDC. De plus en plus de médias, particulièrement en zone rurale, font face à des pressions similaires. Qu’adviendra-t-il si d’autres radios communautaires doivent à leur tour baisser le rideau ? Ces médias locaux jouent pourtant un rôle crucial dans l’information des populations souvent éloignées des grands centres urbains. Leur disparition créerait des déserts informationnels dont profiteraient toutes sortes de rumeurs et de désinformation.
Alors que les nouvelles congolaises devraient refléter la diversité des voix et des opinions à travers le pays, des pans entiers du territoire risquent de sombrer dans le silence. Les journalistes de la RCE/Aba attendent désormais une réponse concrète des autorités. Des garanties de sécurité, des mesures de protection, mais surtout la reconnaissance de leur droit fondamental à informer. Car sans presse libre, comment une démocratie peut-elle véritablement fonctionner ? La balle est maintenant dans le camp des responsables politiques et administratifs. Leur réaction – ou leur absence de réaction – en dira long sur la valeur qu’ils accordent réellement à la liberté de la presse en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd