Le président Félix Tshisekedi a marqué un tournant décisif dans la quête de reconnaissance internationale du génocide congolais en annonçant, ce mardi 1er avril 2025, la mise en place d’un groupe d’experts chargé d’évaluer les préjudices du Genocost. Cette annonce, faite lors d’une cérémonie solennelle au Centre culturel international de Kinshasa, intervient dans un contexte géopolitique tendu où la RDC continue de subir des attaques frontales contre son intégrité territoriale.
« Engageons-nous à l’appropriation collective du Genocost », a déclaré le chef de l’État, martelant sa détermination à voir la communauté internationale reconnaître les crimes commis en RDC. Le ton était donné : entre mémoire collective et exigence de justice, le président Tshisekedi joue une carte risquée mais nécessaire pour son pays meurtri. La création de ce groupe interdisciplinaire d’experts représente-t-elle le premier pas vers une justice transitionnelle effective ?
Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large de la table ronde sur l’appropriation du génocide congolais, ouverte depuis lundi 31 mars sous l’égide de la Commission interministérielle d’aide aux victimes. Le Fonds national de réparation des victimes (FONAREV) est également partie prenante de ce processus historique. « Cette table ronde doit nous permettre de construire une stratégie nationale efficace », a insisté le président, rappelant au passage les engagements internationaux de la RDC, notamment vis-à-vis de la convention sur le génocide.
Le timing de cette annonce n’est pas anodin. À quelques mois de la journée nationale de commémoration du 2 août – instituée depuis 2022 – le gouvernement est sous pression pour finaliser le cadre normatif relatif à la justice transitionnelle. Lors du dernier conseil des ministres, Félix Tshisekedi a rappelé avec force la nécessité d’aboutir à des résultats concrets. « Ces exactions traduisent une volonté manifeste de pillage de nos ressources naturelles », a-t-il dénoncé, pointant du doigt les crimes contre l’humanité et les actes de génocide documentés.
La communauté internationale sera-t-elle enfin à l’écoute de la RDC ? Alors que la vérité sur les crimes « atroces » commis en territoire congolais commence difficilement à émerger, le chef de l’État mise sur une diplomatie offensive couplée à un travail méthodique d’évaluation des préjudices. Le groupe d’experts aura pour mission délicate de quantifier l’inquantifiable : les pertes humaines, les traumatismes collectifs et l’impact économique de décennies de violence. Un travail de mémoire indispensable, mais qui ne saurait suffire sans reconnaissance officielle de la communauté internationale.
Entre enjeux mémoriels et réalpolitik, le président Tshisekedi navigue en eaux troubles. Son appel à « ne jamais répéter » ces tragédies résonne comme un avertissement autant qu’une promesse. Mais dans un contexte régional volatile, où les menaces sur la souveraineté congolaise persistent, la route vers la justice et la réparation s’annonce encore longue. La balle est désormais dans le camp des experts – et dans celui de la communauté internationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net