Dans un geste chargé de symboles et de détermination politique, le président Félix Tshisekedi a officiellement lancé ce lundi 31 mars 2025 la table ronde sur l’appropriation du Genocost au Centre culturel international de Kinshasa. Cette initiative, qui s’inscrit dans une démarche plus large de justice transitionnelle, marque un tournant dans la quête de reconnaissance internationale des crimes commis en République démocratique du Congo.
Le chef de l’État, dans un discours empreint d’émotion et de fermeté, a annoncé la création imminente d’un groupe interdisciplinaire d’experts chargé d’évaluer de manière rigoureuse les préjudices subis et les pertes humaines liées aux crimes de masse. « Engageons-nous à l’appropriation collective du Genocost, à la reconnaissance internationale du génocide commis en République démocratique du Congo et à la promotion de la culture de la paix ! », a déclaré le président, reprenant le thème annuel de ces assises historiques.
Cette annonce intervient dans un contexte politique et diplomatique particulièrement sensible pour la RDC. Alors que le pays continue de faire face à des menaces contre son intégrité territoriale, le gouvernement semble vouloir prendre le taureau par les cornes en matière de justice transitionnelle. La mise en place de cette commission d’experts répond à une exigence de quantification précise des dommages, étape cruciale pour toute reconnaissance internationale et demande de réparations.
Le président Tshisekedi n’a pas manqué de rappeler les engagements internationaux de la RDC, notamment à travers la convention sur le génocide et le statut de Rome. « La République démocratique du Congo ne ménagera aucun effort pour que justice soit faite, pour que la dignité de nos victimes soit restaurée et pour que l’histoire vraie de notre pays soit enfin écrite par les Congolais eux-mêmes », a-t-il martelé devant une assistance composée de membres du gouvernement, d’experts internationaux et de représentants de la société civile.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la journée nationale de commémoration instaurée depuis 2022 et observée chaque 2 août. Une date symbolique qui, selon le chef de l’État, représente à la fois un acte de mémoire, de reconnaissance et de mobilisation nationale face aux drames multiformes qui ont frappé le pays : massacres, déplacements forcés, violences sexuelles, spoliations et exterminations ciblées.
Le président a par ailleurs mis la pression sur son gouvernement pour finaliser le cadre normatif complémentaire relatif à la justice transitionnelle. Une manière de rappeler que derrière les déclarations d’intention et les commémorations, des réformes structurelles doivent être mises en place pour concrétiser cette quête de justice.
Cette table ronde, organisée par la Commission interministérielle d’aide aux victimes et d’appui aux réformes (CIA-VAR) en collaboration avec le Fonds national de réparation des victimes (FONAREV), représente donc un moment charnière dans la politique mémorielle du pays. Elle intervient alors que la vérité sur les crimes « atroces » commis en RDC commence selon le président à émerger sur la scène internationale.
Reste à savoir si cette initiative aboutira à une véritable reconnaissance internationale du génocide congolais ou si elle se heurtera, comme par le passé, à l’indifférence de la communauté internationale. La balle est désormais dans le camp des experts qui devront, dans les mois à venir, établir un bilan précis et incontestable des préjudices subis par le peuple congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net