Dans l’effervescence culturelle de Kinshasa, le premier stage du programme “Émergence Théâtrale” 2025 a tiré son rideau ce mardi 1er avril, après deux semaines d’intense création au Tarmac des auteurs. Cet atelier, pierre angulaire d’un ambitieux cursus de professionnalisation, a réuni une mosaïque d’artistes aux disciplines variées – slameurs, photographes, comédiens, poètes – brisant les silos traditionnels pour une alchimie créative inédite.
“L’éclectisme est notre force”, confie Audrey Bommier, comédienne française qui orchestre ces rencontres. “Chaque participant apporte sa couleur, et c’est dans ce mélange que naissent les projets les plus surprenants”. Une philosophie qui transcende les frontières artistiques, où photographes pensent mise en scène et poètes explorent le jeu d’acteur.
Le programme, véritable incubateur de talents, se donne pour mission d’accompagner les premiers pas des metteurs en scène émergents. Mais cette édition 2025 a su adapter son approche aux singularités de chaque profil. “Il s’agit de semer des graines”, explique Bommier, dont la pédagogie mise sur le temps long. Les fruits de ce laboratoire ne se récolteront qu’en 2026, lors du festival “Ça se passe à Kin”, vitrine des productions nées de ces rencontres.
Au cœur du processus : l’exploration des émotions et des sous-textes. Les participants ont été confrontés à des dramaturgies variées, exercice périlleux mais formateur. “J’ai appris à incarner des personnages auxquels je n’aurais jamais pensé”, s’enthousiasme Justin Tshisekedi, poète dont l’art s’est enrichi au contact de l’art théâtral. Pour Divine Mokambila, actrice anglophone récemment installée à Kinshasa, cet atelier représente bien plus qu’une formation : “C’est une porte ouverte sur la scène artistique kinoise, si vibrante mais parfois difficile à pénétrer”.
La clé de voûte de cette aventure ? La confiance mutuelle, que Bommier a patiemment tissée entre les artistes. “Sans ce lien, aucun travail profond n’est possible”, insiste-t-elle. Une philosophie collaborative qui fait écho à l’énergie créative de Kinshasa, ville où l’art naît souvent de la rencontre des différences.
Si le stage s’achève, l’aventure ne fait que commencer. Durant dix-huit mois, ces artistes vont mûrir leurs projets, nourris par les fondamentaux acquis lors de ces deux semaines intensives. Gageons que le festival de 2026 sera le miroir de cette effervescence – et peut-être l’acte de naissance de nouveaux courants dans le paysage théâtral congolais.
Dans une RDC où la culture constitue à la fois un refuge et un laboratoire social, des initiatives comme “Émergence Théâtrale” rappellent que l’art reste un formidable outil de transformation – des individus comme de la société. À l’heure où Kinshasa affirme sa place sur la carte des créativités africaines, ces ateliers dessinent les contours d’un théâtre résolument contemporain, à l’image de sa ville : multiple, audacieux, et résolument vivant.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd