Le gouvernement congolais vient de marquer un tournant significatif dans sa politique de rémunération des forces de sécurité. En effet, dès ce vendredi 28 mars 2025, les membres des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC) verront leurs salaires doubler. Une annonce faite par le ministre des Finances, Doudou Fwamba, qui a souligné l’importance de cette mesure pour améliorer les conditions de vie des hommes en uniforme.
Cette décision, qualifiée d’historique par certains observateurs, intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu, marqué par la guerre d’agression rwandaise. Les forces de sécurité congolaises, souvent en première ligne, bénéficieront ainsi d’une reconnaissance tangible de leurs sacrifices. Mais au-delà du symbole, cette revalorisation salariale pose plusieurs questions. Comment le gouvernement compte-t-il financer cette mesure? Quels mécanismes seront mis en place pour éviter les détournements?
Pour répondre à ces interrogations, les autorités ont annoncé la mise en place d’un système de contrôle rigoureux. Les ministères des Finances, du Budget et de la Défense, assistés des Inspections générales des FARDC et de la PNC, veilleront à la transparence de l’opération. Un dispositif nécessaire pour identifier d’éventuelles irrégularités dans les effectifs, problème récurrent dans l’administration congolaise.
Cette mesure s’inscrit dans la continuité des récentes annonces du président Tshisekedi concernant les soldats déployés au front. Rappelons qu’en début d’année, leur solde était passée de 100 à 500 dollars américains mensuels. Une augmentation spectaculaire qui avait déjà suscité des réactions mitigées. Certains y voyaient une juste reconnaissance du sacrifice des militaires, tandis que d’autres s’interrogeaient sur la soutenabilité financière de telles mesures.
Dans le paysage politique congolais, cette décision pourrait bien être un coup de maître pour le chef de l’État. En effet, à quelques mois des élections, le timing de cette annonce ne semble pas anodin. Le président joue gros avec cette réforme, dont le succès pourrait renforcer sa popularité auprès d’un électorat sensible aux questions de sécurité et de défense nationale.
Reste à savoir si cette mesure suffira à redonner du moral à des forces de sécurité souvent décrites comme démoralisées et sous-équipées. La question des équipements et des conditions de travail reste entière, et certains experts militaires estiment qu’une augmentation des salaires, aussi importante soit-elle, ne résoudra pas à elle seule les défis auxquels font face les FARDC et la PNC.
Sur le plan économique, cette décision aura indéniablement un impact sur les finances publiques. Le ministre des Finances devra trouver les ressources nécessaires pour honorer cet engagement, dans un contexte où l’économie congolaise fait face à de multiples défis. Certains observateurs s’interrogent déjà sur les potentielles conséquences inflationnistes d’une telle mesure.
Au-delà des considérations politiques et économiques, cette annonce marque peut-être un nouveau chapitre dans la relation entre l’État congolais et ses forces de sécurité. Après des années de négligence, le gouvernement semble enfin prendre la mesure des sacrifices consentis par ces hommes et femmes qui risquent leur vie quotidiennement pour la sécurité du pays. Reste à voir si cette reconnaissance financière s’accompagnera d’autres réformes structurelles nécessaires à l’efficacité des forces de sécurité congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
