Dans un contexte de crise sécuritaire sans précédent, l’assemblée provinciale du Sud-Kivu a entamé ce lundi 31 mars sa session ordinaire dans des conditions pour le moins particulières. Uvira, désignée comme chef-lieu provisoire après la chute de Bukavu aux mains des rebelles du M23, accueille désormais les institutions légales de la province. Une situation qui en dit long sur la fragilité de l’État dans cette région des Grands Lacs.
La cérémonie d’ouverture, présidée par Fiston Kabeza Zihindula, président de l’assemblée provinciale, en présence du vice-gouverneur Jean-Jacques Elakano, n’a réuni que 28 députés sur les 48 que compte l’institution. Les autres élus, dispersés par les combats, peinent à rejoindre ce nouveau siège provisoire installé depuis deux mois à peine. Une absence qui soulève des questions sur la capacité de cette assemblée à fonctionner normalement dans un contexte de guerre.
Les discours prononcés lors de cette séance d’ouverture ont été marqués par des appels répétés à la résilience face à la double crise sécuritaire et humanitaire que traverse la province. Mais derrière ces déclarations de circonstance se cache une réalité bien plus sombre : l’établissement à Bukavu d’une administration parallèle par les rebelles du M23, qui contrôle désormais la capitale provinciale. Une situation qui rappelle étrangement celle du Nord-Kivu voisin, où la rébellion étend progressivement son emprise.
Cette session parlementaire ouverte dans l’urgence pose plusieurs questions cruciales pour l’avenir du Sud-Kivu. Comment les institutions légales pourront-elles fonctionner efficacement depuis Uvira, alors que Bukavu reste le cœur économique et administratif de la province ? La faible participation des députés ne risque-t-elle pas de compromettre la légitimité des décisions qui y seront prises ? Autant d’interrogations qui restent sans réponse dans un contexte où la priorité semble être avant tout la survie des institutions plutôt que leur efficacité.
La situation au Sud-Kivu illustre une fois de plus les défis auxquels fait face la RDC dans sa lutte contre les groupes armés. Alors que les négociations piétinent et que la communauté internationale semble impuissante, les institutions provinciales tentent tant bien que mal de maintenir un semblant de normalité. Mais jusqu’à quand pourront-elles tenir ce rôle dans un environnement aussi dégradé ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’avenir de toute la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net