Dans un contexte politique et sécuritaire particulièrement tendu, le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, a une nouvelle fois martelé l’urgence d’une reconnaissance internationale des crimes commis en RDC. Lors du 37e conseil des ministres du 28 mars 2025, le chef de l’État a insisté sur la nécessité de finaliser le cadre normatif et la justice transitionnelle, conformément aux engagements nationaux et internationaux du pays.
« Ce cadre comprend entre autres le décret portant mesures d’application de la loi n°22/65 du 26 décembre 2022 fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes », a-t-il déclaré, citant également les projets de lois organiques sur la justice transitionnelle. Ces textes, élaborés avec rigueur par des experts et diverses institutions comme la CIA-VAR et le FONAREV, doivent être finalisés « dans les meilleurs délais ». Une échéance de 30 jours a été fixée pour rendre compte des avancées.
Depuis 2022, la RDC commémore chaque 2 août les victimes des tragédies qui ont frappé le pays. Une journée symbolique, mais qui peine encore à trouver un écho à l’international. « Ces exactions alimentées par des intérêts géostratégiques et économiques traduisent une volonté manifeste de pillage de nos ressources naturelles », a dénoncé Tshisekedi, évoquant des « crimes contre l’humanité » et, dans certains cas documentés, des « actes de génocide ». Le concept du Genocost, porteur d’une double vocation mémorielle et politique, vise justement à évaluer le coût humain, social et économique des violences subies par le peuple congolais.
Pour concrétiser cette ambition, une table ronde nationale se tiendra à Kinshasa du 31 mars au 3 avril 2025. Placée sous le thème « Engageons-nous à l’appropriation collective du Genocost », cette rencontre réunira des représentants de toutes les couches sociales, politiques et culturelles du pays. Objectif affiché : « réveiller la conscience nationale » et renforcer la solidarité face aux agressions extérieures, notamment rwandaises, qui minent l’est de la RDC.
Dans un pays où la mémoire collective est souvent instrumentalisée, cette initiative pourrait-elle enfin briser le silence international sur les crimes commis en RDC ? Alors que le M23, soutenu par Kigali selon Kinshasa, continue de semer la terreur, la question de la reconnaissance du génocide congolais reste plus que jamais d’actualité. Le président Tshisekedi joue ici une carte risquée, mais peut-être nécessaire, pour inscrire la souffrance congolaise dans le grand livre de l’histoire mondiale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd