Dans la province éducationnelle Kwilu 1, un pas de plus vient d’être franchi dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) en milieu scolaire. Vingt-sept enseignantes, représentant autant d’établissements primaires et secondaires, ont récemment bénéficié d’une formation approfondie sur ces questions sensibles. Cette initiative portée par l’Association des Jeunes Responsables (AJR) s’inscrit dans le cadre du mois dédié à la promotion des droits des femmes en RDC.
Mais pourquoi cette formation revêt-elle une importance capitale ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les abus, harcèlements et exploitations sexuelles constituent un fléau persistant dans les écoles congolaises. Me Gata Prospère Makambu, responsable de l’AJR, ne mâche pas ses mots : “Ces comportements antisociaux sont fréquents dans nos établissements scolaires”. Face à cette réalité alarmante, l’organisation a décidé d’agir en formant ces éducatrices qui deviendront des points focaux VBG dans leurs écoles respectives.
Le programme de formation, particulièrement complet, aborde plusieurs aspects cruciaux. Les participantes ont été outillées pour identifier les différentes formes de violences, comprendre leurs conséquences sur les élèves et maîtriser les mécanismes de protection. “Elles doivent désormais informer les élèves sur les VBG pour qu’ils sachent se défendre et signaler les cas”, insiste Me Makambu. Un silence complice n’est plus acceptable selon lui : “Les chargées VBG deviennent des gardiennes de la sécurité scolaire”.
Concrètement, comment cette initiative va-t-elle changer le quotidien des élèves ? Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour faciliter les signalements. Les victimes ou témoins pourront désormais contacter le numéro gratuit 178 ou déposer leur témoignage dans des boîtes à suggestions installées dans les écoles. Une manière de briser l’omerta qui entoure trop souvent ces affaires, surtout lorsque les auteurs occupent des positions d’autorité.
Cette formation s’inscrit dans un contexte plus large de sensibilisation aux droits des femmes en RDC. Alors que le pays continue de lutter contre les inégalités de genre, l’éducation apparaît comme un levier essentiel pour faire évoluer les mentalités. Les enseignantes formées devront à leur tour sensibiliser leurs collègues et élèves, créant ainsi un effet boule de neige dans la province éducationnelle Kwilu 1.
Reste à savoir si ces mesures suffiront à endiguer un phénomène profondément ancré. Les défis sont nombreux : peur des représailles, pression sociale, lenteur des procédures judiciaires… Pourtant, comme le rappelle Me Makambu, “la formation permet de combler les lacunes et d’éviter les excuses liées à l’ignorance”. Un premier pas nécessaire, mais qui devra être suivi d’autres actions concrètes pour protéger efficacement les élèves congolais.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net