À quelques jours de l’élection cruciale du prochain gouverneur du Kwilu, les enjeux se dessinent avec une clarté implacable. Les habitants de cette province congolaise, l’une des plus vastes du pays, attendent bien plus qu’un simple changement de visage à la tête de leur administration. Leurs revendications touchent à l’essence même du développement provincial : infrastructures routières et accès à l’électricité. Deux défis majeurs qui, s’ils ne sont pas relevés, pourraient hypothéquer l’avenir économique de toute une région.
Le réseau routier du Kwilu présente aujourd’hui un tableau désolant. Les routes, quand elles existent, sont souvent impraticables, isolant des communautés entières et freinant considérablement le commerce local. « Il n’y a pas de routes. C’est difficile de se rendre à Bagata, Bulungu, Gungu et dans d’autres coins », déplore un habitant de Bandundu. Cette situation handicape particulièrement les agriculteurs qui peinent à écouler leurs récoltes vers les centres urbains, créant ainsi un goulot d’étranglement dans l’économie locale.
L’électrification constitue l’autre talon d’Achille de la province. Si Bandundu, chef-lieu du Kwilu, bénéficie d’un accès à l’électricité, la majorité des territoires environnants restent plongés dans l’obscurité. Kikwit, pourtant deuxième ville de la province, n’échappe pas à ce black-out énergétique qui entrave le développement des services de base, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. « Nous avons besoin que Bagata, Bulungu, Idiofa, Gungu et Masimanimba aient du courant. Même la ville de Kikwit. Ça doit être comme à Bandundu », martèle un autre habitant, résumant ainsi une attente unanime.
Au-delà de ces problématiques infrastructurelles, c’est la question du leadership qui semble préoccuper une partie de la population. Ethis Mbala, acteur politique de l’Union sacrée, résume cette attente : « Ce qui nous intéresse, c’est le développement de la province, pas les clivages politiques ». Un appel clair à privilégier la compétence et l’intégrité plutôt que les affiliations partisanes dans le choix du futur gouverneur.
L’élection, qui verra s’affronter pas moins de 16 candidats – majoritairement issus de l’Union sacrée mais certains se présentant comme indépendants – s’annonce donc comme un véritable test pour la démocratie locale. Les présentations de programmes prévues ce lundi pour les candidats au poste de gouverneur et mardi pour ceux au Sénat permettront de jauger la capacité des prétendants à répondre à ces attentes pressantes. Reste à savoir si les députés provinciaux sauront transcender les calculs politiciens pour faire un choix aligné sur les besoins réels de leurs concitoyens.
Dans un contexte national où les questions de gouvernance locale prennent une importance croissante, le cas du Kwilu pourrait bien devenir emblématique. La manière dont se déroulera cette élection et surtout, les actions concrètes qui en découleront, seront scrutées bien au-delà des frontières provinciales. Car au final, c’est toute la crédibilité du processus de décentralisation en RDC qui se joue dans ces élections locales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
