La situation économique dans la province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), atteint des niveaux alarmants, selon les témoignages recueillis auprès des opérateurs économiques locaux. Que ce soit dans les zones contrôlées par les rebelles ou celles administrées par le gouvernement, la population subit de plein fouet les conséquences d’une crise multidimensionnelle.
Dans les territoires sous emprise rebelle, notamment ceux occupés par l’AFC-M23, les violations des droits de l’homme et les exactions contre les civils sont monnaie courante. Pendant ce temps, dans les zones gouvernementales, c’est une autre forme de souffrance qui prévaut : la faim et les maladies dues à la pénurie criante de produits de première nécessité. Les territoires de Mwenga, Fizi, Uvira et Shabunda illustrent parfaitement cette double peine qui frappe les Congolais du Sud-Kivu.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un défenseur des droits des consommateurs basé à Mwenga-centre nous révèle une inflation vertigineuse : « Une bouteille de bière est passée de 5 000 à 11 000 francs congolais, le kilogramme de riz a plus que doublé (de 2 000 à 5 000 FC), tout comme les haricots (1 500 à 5 000 FC). Même le sel, produit de base par excellence, a vu son prix multiplié par deux ». Cette flambée des prix frappe de plein fouet le pouvoir d’achat déjà fragile des populations locales.
Les transports n’échappent pas à cette spirale inflationniste. Le trajet Bukavu-Kilungutwe en taxi coûte désormais entre 70 000 et 80 000 FC, contre 50 000 à 60 000 FC en bus. Quant au carburant, son prix a grimpé de 4 500 à 7 000 FC le litre, impactant directement le fonctionnement des infrastructures essentielles. Les maisons de télécommunication comme Airtel et Orange, privées de carburant, ne peuvent plus assurer leurs services, isolant davantage les populations.
La situation sanitaire n’est pas en reste. L’approvisionnement en produits pharmaceutiques est quasi inexistant, plongeant les centres de santé dans une crise sans précédent. Cette rupture des chaînes d’approvisionnement aggrave la précarité sanitaire dans une région déjà vulnérable aux épidémies.
Sur les huit territoires que compte le Sud-Kivu, seulement quatre restent sous contrôle gouvernemental. Bukavu, principal hub économique de la province, est désormais isolé du reste de la région depuis sa prise par les rebelles. Cette paralysie des écosystèmes économiques locaux a des répercussions en cascade sur l’ensemble des activités productives et commerciales.
Face à cette crise humanitaire et économique qui s’installe dans la durée, quelles solutions peuvent être envisagées ? La relance des circuits commerciaux et le rétablissement de la sécurité apparaissent comme des préalables indispensables. Mais dans un contexte géopolitique régional complexe, marqué par l’implication présumée du Rwanda dans le soutien au M23, les perspectives de résolution rapide semblent bien minces. La communauté internationale suivra-t-elle cette situation de près, ou assistera-t-elle, une fois de plus, à un nouvel épisode de la longue litanie des crises congolaises ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
