Dans une déclaration fracassante, Justin Bitakwira, député d’Uvira, a pointé du doigt ce qu’il qualifie de « complices de l’ennemi » au sein des tribus du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Selon l’élu, ces traîtres seraient à la solde du Rwanda, prêts à vendre leur âme pour une poignée de dollars. « Même avec un 100 $, Kagame est capable d’acheter quelqu’un », a-t-il lancé, lors d’une rencontre avec les résistants patriotes, les Wazalendo. Une accusation grave qui met en lumière les fractures internes dans ces régions en proie à l’instabilité.
Bitakwira, qui se présente comme un défenseur de la patrie, a assuré avoir invité des jeunes à rejoindre les rangs de l’armée congolaise. « J’ai donné des observations pendant les réunions avec les chefs des Wazalendo », a-t-il précisé, sans toutefois dévoiler le contenu de ces échanges. Une posture qui soulève des questions sur la nature réelle de son engagement : s’agit-il d’une véritable mobilisation patriotique ou d’une manœuvre politique pour se positionner en leader incontesté de la résistance ?
Le député a également tenu à rappeler l’enjeu fondamental de ce conflit : « Nous faisons face au Rwanda. Cette guerre n’est pas une guerre contre le président Tshisekedi, mais pour nous arracher nos terres. » Une analyse qui, si elle reflète une réalité géopolitique complexe, pourrait aussi servir à galvaniser les troupes et à unifier les Congolais autour d’un ennemi commun. Dans ce contexte, Bitakwira promet de rencontrer les autorités locales pour « trouver des solutions ». Une initiative louable, mais dont l’efficacité reste à prouver, tant les divisions et les intérêts contradictoires minent la région.
Face aux critiques suscitées par sa visite à Uvira, l’élu se défend : « Je ne suis pas allé là-bas pour diviser les gens ou chercher du travail. Je suis député, pas chômeur. » Une réponse cinglante qui vise à clouer le bec à ses détracteurs, mais qui ne dissipe pas totalement les doutes sur ses motivations réelles. Bitakwira assure également être « de cœur » avec les combattants de Mwenga, Kalehe, Shabunda et Kazina-Nyangezi, promettant son soutien indéfectible. Des paroles qui sonnent comme un appel à la solidarité nationale, mais qui pourraient aussi être interprétées comme une tentative de s’attirer les faveurs des populations locales.
Enfin, le député évoque l’existence de « points focaux » parmi les parlementaires, chargés de soutenir les Wazalendo. Une organisation qui, si elle est avérée, pourrait renforcer la coordination entre les résistants et les institutions. Mais dans un pays où les promesses politiques sont souvent creuses, on est en droit de se demander si ces déclarations ne sont qu’un coup d’épée dans l’eau. La guerre dans l’Est de la RDC est un dossier explosif, et les mots de Bitakwira, aussi enflammés soient-ils, ne suffiront pas à en venir à bout. Reste à voir si ses actions suivront.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net