Dans un contexte de tensions récurrentes sur les services publics, le gouvernement congolais vient d’annoncer une mesure choc pour relancer deux fleurons étatiques en détresse. Lors du 37e conseil des ministres tenu à Kinshasa, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a dévoilé un plan de sauvetage inédit pour la REGIDESO et la SNEL, deux entreprises publiques étranglées par des créances étatiques évaluées à 368 millions de dollars. Le mécanisme ? Un ordre de paiement permanent dès avril 2025, calqué sur le protocole d’accord existant. « Cette mesure vise à soulager structurellement le passif tout en garantissant un financement régulier des consommations courantes », explique un compte-rendu officiel. Une bouée d’oxygène pour ces sociétés dont les difficultés financières paralysent régulièrement l’accès à l’eau et à l’électricité. Mais le diable se cache dans les détails. Une commission interministérielle devra trancher plusieurs dossiers épineux : actualisation des ayants droit, titrisation de la dette, révision tarifaire. Autant de sujets qui font grincer des dents depuis des années. « C’est un pas dans la bonne direction, mais tout dépendra de l’exécution budgétaire réelle », tempère un expert économique sous couvert d’anonymat. L’historique des promettes non tenues plane comme un spectre. Déjà en 2023, le ministre du Budget Aimé Boji Sangara pointait du doigt l’explosion des arriérés entre 2017 et 2021. Un cercle vicieux où les retards de paiement affaiblissent les capacités de production, creusant davantage le déficit d’accès aux services de base. Cette fois-ci, le gouvernement mise sur une approche duale : régler le passé via des mécanismes financiers innovants tout en sécurisant l’avenir grâce à des versements mensuels encadrés. Reste à voir si cette feuille de route survivra aux réalités trésorières d’un État congolais souvent à court de liquidités. En filigrane, c’est toute la question de la réforme des entreprises publiques qui se pose. La SNEL et la REGIDESO pourront-elles enfin se moderniser une fois soulagées de ce fardeau financier ? Ou assiste-t-on à un simple pansement sur une jambe de bois ? La réponse se jouera dans les prochains mois, au rythme des ordres de paiement effectivement honorés.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
