Au cœur de l’Ituri, un marché pas comme les autres incarne l’espoir d’une cohabitation pacifique. Le « mayi ya franga », niché sur la route Bogoro-Kasenyi, est bien plus qu’un simple lieu de commerce : c’est un laboratoire du vivre ensemble. Dans cette zone souvent ébranlée par les tensions, des femmes issues des communautés Hema, Lendu, Ngiti et Bira transforment chaque jour des cossettes de manioc braisé en symboles de résilience. À mi-chemin entre Bunia et Kasenyi, le marché surgit comme une oasis en pleine forêt, bordé par le murmure d’une rivière. « Je m’arrête systématiquement pour acheter du songo », confie un voyageur croisé sur place. « C’est notre carburant pour continuer la route ». Derrière cette simplicité apparente se cache une mécanique sociale complexe : ici, les échanges commerciaux deviennent des ponts entre ethnies. Les marchandes, véritables gardiennes des lieux, racontent une autre réalité. « Les chefs nous accueillent toutes sans distinction », souligne l’une d’elles, tout en ajustant sa marchandise. Mais derrière cette harmonie de surface persiste un défi criant : la précarité économique. « Tu vends toute la journée pour à peine nourrir ta famille le soir », soupire une vendeuse de patates douces, soulignant l’urgence d’une paix durable. Ce microcosme social interroge : et si la clé du développement régional se trouvait dans ces initiatives communautaires ? Les femmes lancent un appel unanime aux autorités : « Sans sécurité, nos efforts restent vains ». Alors que la RDC cherche des modèles de cohésion sociale, le « mayi ya franga » offre une leçon de pragmatisme – là où les discours politiques échouent, le commerce quotidien parvient parfois à tisser des liens indéfectibles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net