La grogne monte parmi les enseignants du Nord-Kivu. À Rutshuru, territoire situé dans cette province de l’est de la République Démocratique du Congo, le non-paiement des salaires des mois de février et mars crée un climat de tension palpable. Comment comprendre que ces éducateurs, piliers de l’avenir du pays, se retrouvent ainsi dans l’incertitude financière alors que les autorités affirment avoir débloqué les fonds ?
Selon plusieurs sources sur place, au moins quatre sous-divisions du territoire sont concernées par ce retard de paiement. Les enseignants, qui ont pourtant accompli toutes les formalités requises pour le transfert via Caritas et des applications mobiles, expriment leur exaspération. « Deux mois impayés, c’est trop », lance l’un d’eux sous couvert d’anonymat, reflétant le sentiment général.
La situation est d’autant plus incompréhensible que le gouvernement avait assuré avoir pris toutes les dispositions nécessaires. Le système de paiement par mobile money, solution adoptée face à la fermeture des banques à Goma, semble rencontrer des difficultés de mise en œuvre. « Nous avons complété les fiches. Ça fait un mois sans suite », déplore un autre enseignant, visiblement désemparé.
Interrogé sur ce retard, Luc Gbaweza, directeur de la province éducationnelle du Nord-Kivu I, tente de rassurer. Il explique que l’équipe de Caritas était en mission à Inongo et que, maintenant de retour à Goma, la priorité est donnée aux paiements des enseignants de Rutshuru et Masisi. Les banques BOA et Access Bank, chargées des paiements pour Goma et Nyiragongo, devraient également utiliser le mobile money, selon ses déclarations.
Pourtant, sur le terrain, l’attente se prolonge. Certains enseignants affirment avoir reçu des notifications, mais sans concrétisation financière. Le directeur chargé du suivi de la paie à Kinshasa confirme que le gouvernement a bel et bien effectué sa part. Alors où se situe le blocage ? Cette situation pose une fois de plus la question de l’efficacité des mécanismes de paiement dans les zones reculées de la RDC.
Dans une région déjà marquée par l’insécurité et les défis logistiques, ce retard de paiement vient ajouter une pression supplémentaire sur des enseignants qui assurent malgré tout leur mission éducative. Combien de temps encore devront-ils patienter avant de percevoir leur dû ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer la stabilité du système éducatif dans cette partie du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net