En cette période de clôture du mois sacré de Ramadan, une initiative caritative a marqué les esprits dans la capitale congolaise. Le vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba, a effectué une distribution de vivres et d’argent à une dizaine de mosquées de Kinshasa, plus précisément dans le quartier Camp Luka. Ce geste, posé samedi 29 mars, intervient dans un contexte où les actes de générosité sont souvent scrutés à la loupe, surtout lorsqu’ils émanent de personnalités politiques.
Les dons, constitués de sacs de riz, de sucre, de farine de maïs et de sommes d’argent non divulguées, ont été remis aux fidèles musulmans à l’occasion de l’Aïd el-Fitr. Cette fête marque la fin du jeûne du Ramadan, un moment de partage et de solidarité pour la communauté musulmane. Mais au-delà de l’aspect religieux, cette action soulève des questions sur les motivations politiques sous-jacentes.
Samuel Mbemba n’a pas caché les raisons de son geste. Il a explicitement mentionné que ces mosquées avaient été choisies parce que leurs fidèles « soutiennent ses initiatives politiques ». Une déclaration qui ne manquera pas d’alimenter les débats sur l’utilisation des dons à des fins électoralistes. Le vice-ministre a également rappelé qu’il était habitué à organiser des rencontres avec ces croyants pour résoudre des problèmes sociaux dans le quartier. Une manière de souligner son ancrage local, ou une stratégie bien calculée pour consolider sa base électorale ?
Dans un pays où les enjeux politiques et sociaux sont étroitement liés, ce type d’initiative ne peut être analysé sous le seul prisme de la charité. La République Démocratique du Congo, avec ses défis économiques et ses tensions politiques, voit souvent des actions sociales servir de prétexte à des manœuvres plus ambitieuses. Samuel Mbemba joue-t-il simplement le jeu de la solidarité religieuse, ou cherche-t-il à renforcer son influence dans un quartier stratégique de Kinshasa ?
Quoi qu’il en soit, cette distribution de vivres intervient dans un contexte où les actes de générosité sont rarement désintéressés. Alors que la population congolaise fait face à des difficultés économiques croissantes, les dons des personnalités politiques sont souvent perçus comme des tentatives de s’attirer les faveurs des électeurs. Reste à savoir si ces gestes suffiront à masquer les défis structurels auxquels fait face le pays.
En attendant, la communauté musulmane de Camp Luka a pu célébrer la fin du Ramadan dans de meilleures conditions, grâce à ces dons. Mais au-delà de l’aspect immédiat, cette initiative pose des questions plus larges sur les relations entre politique et religion en RDC. Dans un pays où les leaders religieux jouent un rôle influent, les alliances entre hommes politiques et communautés religieuses ne sont pas sans conséquences sur l’équilibre des pouvoirs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net