L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme : l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une crise sanitaire d’une ampleur catastrophique. Entre la raréfaction des vaccins, la recrudescence des maladies infectieuses et l’effondrement des financements humanitaires, des millions de vies sont en sursis. Dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, théâtres de conflits armés, les centres de santé ressemblent à des fantômes. Les stocks de médicaments ? Épuisés. Les vaccins de routine ? En voie de disparition. Les kits de prévention du VIH pour les victimes de violences sexuelles ? Presque introuvables. Comment en est-on arrivé là ? La réponse se niche dans un cocktail explosif : coupes budgétaires drastiques, insécurité chronique et désengagement international. « Dans le seul Nord-Kivu, 1,5 million de personnes subissent directement les réductions des services de santé essentiels », alerte le Dr Thierno Baldé de l’OMS, depuis Goma. Un chiffre qui donne le vertige, dans une région où près de 10 000 cas de mpox (ex-variole du singe) ont déjà été recensés cette année. Le système de vaccination, pilier de la santé publique, vacille. Il ne reste que deux semaines de stocks de vaccins contre la rougeole, une maladie qui ravage régulièrement les enfants congolais. « Les maladies infectieuses se moquent des frontières, des élections et des gouvernements », martèle Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, rappelant l’urgence d’une réponse globale. Dans l’entrepôt de l’OMS à Goma, les étagères se vident : seuls 4 000 vaccins contre le mpox ont pu être administrés récemment, une goutte d’eau face à l’océan des besoins. Plus inquiétant encore, la prophylaxie post-exposition (PEP) contre le VIH – traitement vital pour les survivantes de viols – dépend désormais exclusivement de l’OMS. Les autres bailleurs ont plié bagage. Une situation d’autant plus dramatique que les violences sexuelles restent une arme de guerre dans l’Est du pays. « L’avenir de la région est en jeu », insiste le Dr Baldé, appelant à un sursaut international. Au-delà des zones de conflit, c’est tout le système de santé congolais qui suffoque. Le budget 2025 du HCR pour la santé a été amputé de 87 %, laissant 13 millions de déplacés dans une vulnérabilité extrême. Conséquence : des épidémies de choléra éclatent là où l’accès à l’eau potable fait défaut, tandis que les centres médicaux manquent de tout – personnel, équipements, médicaments. « Les conséquences sanitaires seront dévastatrices », prévient Allen Maina du HCR. Avec 6,3 millions d’enfants déplacés exposés aux maladies, la RDC risque de voir ses indicateurs de santé plonger dans le rouge. Un scénario cauchemardesque qui pourrait pourtant être évité. À une condition : que la communauté internationale cesse de détourner le regard.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net