Alors que les consultations politiques se poursuivent à Kinshasa, une voix forte s’élève pour sonner l’alarme sur l’urgence sécuritaire à l’Est de la RDC. Justin Bitakwira, ancien ministre du Développement rural, a lancé un appel vibrant ce week-end pour la formation d’un gouvernement de crise capable de « libérer les territoires occupés » par le M23. Un discours martial qui cache mal l’impatience grandissante face à la paralysie des institutions. « Notre pays est menacé de partout », a-t-il martelé devant les médias, dénonçant le pillage systématique des ressources congolaises par « un pays voisin » – allusion à peine voilée au Rwanda. Le recours à la métaphore des « léopards », symboles de combativité, traduit une volonté de mobilisation totale. Mais derrière cette rhétorique guerrière se profile un dilemme : comment concilier unité nationale et divisions politiques persistantes ? Le front militaire n’est pourtant pas le seul en crise. Alors que Bitakwira prône le renforcement des FARDC et des Wazalendo, l’opposition boycotte toujours les négociations. « Mascarade politique », jugent ses détracteurs, exigeant plutôt le dialogue CENCO-ECC. Un absentéisme qui inquiète jusqu’à l’ancien Premier ministre Samy Badibanga, pourtant critique du pouvoir : « Même en désaccord, il faut occuper le terrain politique », plaide-t-il. Ironie du calendrier, ces déclarations interviennent alors que des structures de la société civile dénoncent ne pas avoir été conviées aux dernières consultations. Une omission symptomatique des fractures persistantes dans le paysage politique congolais. La question reste entière : ce gouvernement des « léopards » tant invoqué parra-t-il enfin émerger des cendres des divisions ? Ou ne sera-t-il qu’un nouvel avatar de l’immobilisme face à l’avancée des rebelles ? Alors que le M23 consolide ses positions au Nord-Kivu, la pression monte sur Kinshasa. Entre discours martial et réalpolitik, le temps joue contre un pouvoir accusé de tergiverser. Reste une certitude : sans consensus national, même les léopards les plus aguerris risquent de se retrouver en cage.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd