Le concert-événement “Solidarité Congo”, prévu le 7 avril à l’Accor Arena de Paris, suscite une vive controverse. Prévu comme une initiative culturelle et humanitaire pour soutenir la population congolaise touchée par les conflits à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), il est perçu par la diaspora rwandaise comme une provocation. Cette date coïncide en effet avec la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi de 1994, une réalité douloureuse pour le Rwanda.
Lors d’un briefing presse tenu à Kinshasa le 26 mars, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a rejeté les critiques. Il affirme que cette initiative vise à mobiliser la solidarité internationale, avec des artistes de renom, contre les effets dévastateurs de la guerre dans l’est de la RDC. Parmi eux, des célébrités telles que Gims, Fally Ipupa, Youssoupha et Angélique Kidjo, laquelle souhaite s’associer à l’événement sans instrumentalisation politique. “Autant nous devons être solidaires du peuple rwandais victime du génocide, autant nous, Congolais, avons aussi droit à cette solidarité,” a déclaré Muyaya, mettant en avant l’importance d’un levier culturel pour apaiser les divisions.
Pourtant, la controverse s’amplifie. La mairie de Paris, préoccupée par d’éventuels troubles, a saisi la préfecture de police pour demander une interdiction du concert. De son côté, Kinshasa espère que les autorités françaises ne céderont pas à cette pression. “La sécurité doit être assurée par la République Française, et un concert culturel ne devrait pas être vu comme une menace,” a ajouté le porte-parole.
Le contexte ne manque pas de complexité. L’Est de la RDC, une région riche en ressources naturelles, est ravagé depuis des décennies par des violences impliquant de multiples groupes armés, dont le M23, soutenu par le Rwanda selon des allégations fermement rejetées par Kigali. La situation s’est encore aggravée récemment, jetant plus de 100.000 personnes sur les routes, selon l’ONU. L’événement “Solidarité Congo” ambitionne de lever des fonds pour soutenir les victimes, en particulier les enfants.
En dépit des appels à l’interdiction, Patrick Muyaya insiste sur l’unité et la mobilisation nécessaires pour surmonter ces épreuves. “Le plus important, c’est le message de solidarité qui doit être diffusé. Ce concert doit être un moment de communion et d’espoir,” a-t-il conclu. À l’approche de la date, les appels au dialogue se multiplient pour éviter que cet événement culturel ne devienne une nouvelle ligne de fracture entre les peuples congolais et rwandais.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd