La quiétude des passagers sur les rivières du Kasaï-Oriental a été brutalement troublée. Depuis deux semaines, des dizaines de voyageurs se retrouvent bloqués sur la rivière Lubi, dans le territoire de Kabeya Kamwanga, à la suite du naufrage du bateau M/V Wandeka. Cet événement dramatique met en lumière les défis de la navigation fluviale dans cette région. Mais que s’est-il passé pour en arriver là ?
Chargé de sacs de ciment, de riz, de sucre et de divers produits manufacturés, le M/V Wandeka, en provenance de Kinshasa, s’est échoué dans un méandre rétréci de la rivière Lubi. Les conséquences ne se sont pas faites attendre : le passage est désormais obstrué, paralysant toute circulation entre Ndomba et Lusambo, deux localités pourtant vitales pour la mobilité et le commerce local. Des pirogues, les principaux moyens de transport fluvial dans ces contrées, sont à l’arrêt, laissant leurs passagers dans une angoisse grandissante.
Selon les témoignages sur place, la situation est critique. Les voyageurs, dépourvus de ressources, voient leurs maigres provisions de nourriture s’épuiser jour après jour, sans l’espoir d’une issue rapide. En réaction, les autorités locales ont tenté une intervention en lançant un bac sur le bief de Ndomba, espérant ainsi faciliter les traversées et désengorger la situation. Cependant, cette initiative reste insuffisante face à l’ampleur du problème. Les précédents témoignages de naufrages, comme celui de février 2020 ayant coûté la vie à une vingtaine de personnes, rappellent tristement les dangers omniprésents de la navigation fluviale sur la Lubi.
Alors que les jours s’accumulent, certaines questions deviennent inévitables : pourquoi les mesures préventives pour sécuriser ces voies si essentielles sont-elles si rares ? Et que faire pour éviter que de tels drames se répètent ? L’urgence humanitaire que vit actuellement cette rive du Kasaï-Oriental appelle à une réponse immédiate, mais surtout, à une réflexion profonde sur les infrastructures fluviales et les moyens de transport dans la région.
Au-delà de ce naufrage, l’événement reflète une problématique plus large à laquelle fait face le transport en République Démocratique du Congo : des infrastructures vétustes, un financement insuffisant et une gestion souvent mise en défaut. Les autorités et les partenaires doivent se mobiliser pour transformer ces défis en opportunités, car derrière chaque bateau naufragé, ce sont des vies humaines et une économie locale qui sombrent.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net