Dans un contexte de tension persistante au cœur de Lubumbashi, la question de la circulation des conducteurs de taxi-moto dans le centre-ville refait surface malgré l’interdiction formelle qui leur avait été imposée par les autorités municipales. Autrefois limitée par un arrêté de l’ex-maire intérimaire, Joyce Tunda, cette interdiction visait à maintenir l’ordre public et fluidifier le trafic dans cet espace stratégique. Pourtant, depuis la nomination du nouveau maire, Patrick Kafwimbi, le mépris apparent de ces conducteurs pour la réglementation crée une véritable désorganisation au cœur de la « capitale cuprifère ».
Le week-end dernier, des scènes d’anarchie urbaines ont été observées par des témoins dans les rues de la ville. Dépôt sauvage de passagers, stationnement dans des lieux inappropriés : autant d’actes perçus par la population comme des infractions flagrantes au code de la route. Pour certains conducteurs de taxi-moto, cette effronterie se justifie par un argument contesté : la mesure décrétée par l’ancienne administration n’aurait plus de valeur légale depuis l’arrivée du nouveau maire. Pourtant, Patrick Kafwimbi a rapidement réitéré, lors d’une rencontre avec ces conducteurs le vendredi 21 mars, que l’interdiction restait « pleinement en vigueur » et qu’elle avait pour but de préserver la sécurité et l’ordre dans le centre-ville.
« Cette décision, bien qu’initiée par une équipe précédente, est toujours d’actualité et doit être respectée », a martelé Patrick Kafwimbi. Le maire, entré en fonction le 19 mars 2025, a d’ores et déjà établi ses priorités : sécurité, assainissement et augmentation des recettes municipales. Malgré son ferme engagement, l’application de ces directives reste largement insuffisante sur le terrain. La population dénonce l’absence d’une action plus coercitive des forces de l’ordre. Selon plusieurs habitants rencontrés le samedi 23 mars dans les quartiers centraux de Lubumbashi, il serait du devoir de la police d’intervenir contre les défaillances observées, plutôt que d’attendre une implication directe du maire.
Cette problématique récurrente soulève des questions plus larges sur la gestion des infrastructures urbaines dans des villes en pleine expansion comme Lubumbashi. La prolifération de taxis-motos, considérée comme une réponse au manque de transports publics, vient souvent avec son lot de complications, notamment en termes de respect des lois et de la coexistence harmonieuse avec d’autres usagers de la route. Lubumbashi reflète ainsi un défi commun aux grandes villes congolaises : comment concilier développement urbain et maintien de l’ordre public ?
Tandis qu’une partie de la population souhaite voir des actions immédiates pour éviter que cette situation ne dégénère davantage, d’autres appellent à une régularisation qui tiendrait également compte des opportunités d’emploi qu’offre ce secteur informel. En attendant, Patrick Kafwimbi est sous pression pour redorer l’image d’une ville qui aspire à une modernité ordonnée. La capitale du cuivre devra donc bientôt choisir si elle opte pour la rigueur ou la flexibilité face à ces défis sociaux complexes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
