La coopération sino-congolaise semble entrer dans une phase de clarification décisive, marquée par une déclaration forte de l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhao Bin. Lors de l’inauguration de l’Institut Confucius à l’Université de Kinshasa, ce dernier a tenu à réaffirmer la position de la Chine face à l’exploitation illicite des ressources minières congolaises, particulièrement dans l’Est du pays. Une région où des activités illégales font fréquemment la une.
Dans son discours, Zhao Bin a été catégorique : « Il n’existe aucune société chinoise légalement enregistrée qui œuvre dans les provinces de l’Est. » Cette affirmation, aussi ferme qu’inattendue, vise à dissiper les amalgames concernant la responsabilité de la Chine dans des pratiques minières illicites. L’ambassadeur a encouragé la dénonciation de ces activités, promettant une prise en charge rapide de tout signalement soumis aux autorités diplomatiques chinoises.
Son message intervient dans un contexte où plusieurs ressortissants chinois ont été impliqués dans des activités non conformes aux lois congolaises. En décembre 2024, 17 chinois et leurs collaborateurs congolais ont été arrêtés à Walungu, au Sud-Kivu, pour exploitation illicite de minerais, accompagnée d’une absence de documents légaux. Ces arrestations, suivies par d’autres incidents similaires en janvier, ont révélé l’ampleur de ces activités, souvent protégées par des policiers des mines agissant sans ordres de mission.
Une saisie particulièrement significative a eu lieu début janvier à Mashango, toujours au Sud-Kivu. Des ressortissants chinois tentant d’exporter clandestinement 12 lingots d’or et près de 800 000 dollars ont été interceptés après des investigations ciblées. Cette affaire symbolise les défis constants liés à l’exploitation et l’exportation illégale des ressources minières en RDC.
Cependant, la déclaration de Zhao Bin ne s’est pas limitée aux questions de conformité légale. L’ambassadeur a également mis en avant les résultats éclatants de la coopération pragmatique entre les deux pays. Avec plus de 26 milliards de dollars de volume d’échanges commerciaux en 2024, et la Chine devenant le premier investisseur en RDC six années consécutives, cette collaboration bilatérale semble se poser en modèle mondial. Zhao Bin a particulièrement souligné l’impact des investissements chinois, responsables de la création de milliers d’emplois, de la modernisation des infrastructures et d’un soutien continu au développement économique local.
Avec son Initiative pour le Développement Mondial, portée par le président chinois Xi Jinping, la Chine entend mieux structurer ses actions en RDC, incluant des annulations de dettes et un soutien financier ciblé. Cette déclaration suite aux incidents au Sud-Kivu et l’engagement renouvelé pour la transparence dans l’industrie minière pourraient marquer un tournant dans l’image du rôle chinois en RDC.
La question, cependant, demeure : cette main tendue par Zhao Bin suffira-t-elle à apaiser les tensions et rassurer un peuple congolais souvent en proie aux doutes quant à la gestion de ses précieuses ressources naturelles ? Seul l’avenir nous le dira.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd