Le système éducatif au Sud-Kivu, province de l’est de la République démocratique du Congo, fait face à une crise sans précédent. Depuis plusieurs mois, la guerre et l’insécurité ravagent les infrastructures scolaires, privant des milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Cette catastrophe a été dénoncée par le président provincial de l’Association nationale des parents d’élèves et étudiants de la RDC (ANAPECO), Augustin Batandi, qui a alerté sur la situation déplorable dans les écoles de la région lors d’une intervention ce samedi 22 mars.
Dans plusieurs localités du Sud-Kivu, des écoles ont tout simplement cessé de fonctionner. Pourquoi ? La réponse tient en un mot : la guerre. Selon Augustin Batandi, certaines écoles ont été complètement détruites par les conflits armés. Dans d’autres secteurs, où les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 se poursuivent, les établissements scolaires ont dû fermer leurs portes. Seules les écoles situées dans des zones entièrement sous le contrôle de l’un des belligérants continuent de fonctionner, mais elles ne sont pas épargnées par les sérieux problèmes qui hantent le quotidien des habitants.
À Bukavu, la capitale provinciale, si les écoles restent ouvertes, elles affrontent d’autres défis tout aussi préoccupants. Les parents, déjà accablés par la pauvreté aggravée par les effets de la guerre sur l’économie locale, peinent à payer les frais de scolarité. « Comment parler d’éducation lorsque même les besoins alimentaires de base ne peuvent être satisfaits par de nombreuses familles ? » s’interroge un enseignant de Bukavu. La situation reflète bien une province en crise où les droits fondamentaux, y compris celui à l’éducation, sont relégués au second plan face à l’urgence quotidienne de survie.
Face à ce sombre tableau, Augustin Batandi tire la sonnette d’alarme. Il exhorte le gouvernement à prendre des mesures pressantes pour restaurer la paix dans la région et ainsi permettre la reprise normale des activités scolaires. « Nous lançons l’alerte au niveau du gouvernement pour intervenir. Sinon, l’éducation de nos enfants est vraiment en danger et cela représente un grand problème pour l’avenir de la jeunesse », a-t-il déclaré. Un appel qui soulève une question clé : quelle place l’État congolais est-il prêt à accorder à l’avenir des enfants du Sud-Kivu dans un contexte déjà saturé de crises politiques, économiques et sécuritaires à l’échelle nationale ?
Les acteurs locaux et internationaux appellent également à une réaction rapide pour éviter une génération sacrifiée. Le droit à l’éducation est non seulement un enjeu vital pour ces enfants, mais aussi un pré-requis essentiel pour le développement futur du Sud-Kivu et de la RDC tout entière. Alors que les yeux du monde sont souvent tournés vers de nouveaux conflits ou urgences humanitaires, cette crise interne devrait nous rappeler l’importance de protéger les enfants pris au piège des guerres que nous oublions trop souvent.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net