Le 20 mars, la Coordination nationale des Jeunes intercommunautaires de la République Démocratique du Congo (CNJIC/RDC), en partenariat avec la MONUSCO, organisait à Kinshasa un forum crucial pour la cohésion nationale. Cet événement engageait des jeunes issus de toutes les provinces et communautés linguistiques du pays pour réfléchir aux moyens de préserver l’unité d’une RDC confrontée à des défis sécuritaires et sociaux majeurs. Une rencontre où l’analyse des tensions actuelles et les perspectives de paix constituent des enjeux clés pour l’avenir.
Les échanges, riches et constructifs, avaient au cœur de leur réflexion les processus de paix de Luanda et de Nairobi. Ces derniers sont perçus comme des jalons essentiels pour restaurer la stabilité dans l’Est de la RDC, une région meurtrie par des décennies de conflits armés. Le Professeur Martin Ziakwau Lembisa a analysé ces processus en retraçant l’histoire des tensions, tout en insistant sur le rôle moteur de la jeunesse dans la consolidation de la paix. Il a exhorté les jeunes à adopter une prise de conscience collective indispensable pour bâtir un avenir commun, loin des divisions ethniques et communautaires.
Un autre point notable a été soulevé par David Fundi Sumaili, représentant la division de la communication stratégique de la MONUSCO. Il a témoigné des effets délétères des discours de haine et de la désinformation qui sapent la cohésion sociale. En dénonçant ces pratiques, souvent exploitées par certains acteurs politiques, il a plaidé pour une culture de tolérance et de responsabilité, notamment sur les réseaux sociaux. Des appels qui résonnent profondément à une époque où ces plateformes jouent un rôle prépondérant dans la formation des opinions publiques.
Placide Mabaka, expert en droit constitutionnel, a, de son côté, rappelé les fondements légaux inscrits dans la Constitution congolaise. Celle-ci consacre la cohésion nationale comme un principe de base pour l’intégration harmonieuse des diverses communautés. Décortiquant plusieurs articles de cette charte suprême, il a mis en avant l’importance du vivre-ensemble et invité la jeunesse à transformer ces dispositions légales en actions concrètes au quotidien.
Pour assurer que ces discussions menées ne se limitent pas aux paroles, les organisateurs du forum ont mis en place des ateliers pratiques. Les jeunes, répartis selon des groupes linguistiques (Swahili, Lingala, Kikongo et Tshiluba), ont travaillé sur des solutions adaptées aux réalités de leurs régions respectives. L’exercice visait à identifier les obstacles mais aussi à proposer des actions tangibles pour renforcer la paix et l’unité nationale.
La journée s’est achevée sur une note artistique et symbolique : des prestations de slam dans les principales langues nationales, illustrant les aspirations des jeunes pour une paix durable. Ces créations ont non seulement valorisé la richesse culturelle du Congo mais aussi témoigné d’un engagement fort de la nouvelle génération pour dépasser les fractures.
Benjamin Mishiki, président de la CNJIC/RDC, a réitéré cette volonté en appelant les jeunes à devenir les ambassadeurs du “vivre ensemble”, tout en déjouant les tentatives de division et de manipulation. “Briser les discours de haine et combattre la désinformation, c’est l’une des clefs pour garantir une paix durable”, a-t-il conclu.
Ce forum s’inscrit dans une dynamique où la jeunesse congolaise est appelée à jouer un rôle central. Plus qu’un simple événement, il constitue une étape vers une RDC unie et tournée vers un avenir serein, malgré les défis persistants.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd