En cette période de tensions géopolitiques, la République démocratique du Congo (RDC) est au cœur de débats cruciaux concernant son souveraineté et ses alliances internationales. La récente rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame au Qatar a suscité un vif débat, notamment après les déclarations marquantes du professeur Jo M. Sekimonyo, célèbre écrivain et intellectuel congolais. Selon lui, le Qatar, bien que petit en taille, a su se positionner comme un acteur majeur en profitant des fragilités économiques et politiques des deux dirigeants africains.
Sekimonyo décrit un contexte inquiétant dans lequel le Qatar, loin d’avoir des amis, agit selon ses intérêts économiques et stratégiques. Tandis que Paul Kagame vacille sous la pression des erreurs politiques passées, la RDC, quant à elle, fait face à des choix délicats. L’occupation de Goma par les forces rwandaises a infligé une pression internationale accrue sur le Rwanda, particulièrement de la part du Royaume-Uni et de la Belgique. Pourtant, Félix Tshisekedi se retrouve pris dans une position précaire, contraint de naviguer parmi diverses options. Ces options, que Sekimonyo illustre brillamment à travers les métaphores de bandage, cure ou vaccin, mettent en lumière les dilemmes cruciaux qui se posent aux Congolais.
Selon l’intellectuel, le “bandage” symbolise une solution temporaire, à savoir un cessez-le-feu ou une trêve économique qui permettrait au Rwanda de redresser son économie, mais au détriment d’une véritable résolution congolaises des enjeux locaux. La “cure” évoque une approche plus agressive, soit une guerre victorieuse, soit la formation d’une nouvelle majorité politique susceptible de céder aux exigences du groupe armé M23. Enfin, le “vaccin” représente un changement structurel profond : une refonte intégrale de la Constitution congolaise afin de bâtir une nouvelle identité nationale et économique.
Jo M. Sekimonyo plaide pour une réforme audacieuse de la Constitution, capable de transformer radicalement l’avenir de la RDC. En redéfinissant les bases de l’identité congolaise et en recentrant les entités territoriales sur des critères économiques, il aspire à éradiquer les fléaux comme le tribalisme et à établir une véritable démocratie, loin des pratiques héritées des régimes passés. Selon lui, donner plus de pouvoir et de ressources aux autorités locales pourrait ouvrir la voie à une modernisation économique durable, seule solution selon lui pour panser définitivement les plaies de la nation.
Cependant, cette vision ne manque pas de susciter des interrogations : les Congolais sont-ils prêts à adopter un tel “vaccin” audacieux ? Et quelle sera la position des puissances étrangères, souvent promptes à intervenir pour sauvegarder leurs propres intérêts ? Avec une juxtaposition délicate entre enjeux locaux et pressions internationales, la RDC est confrontée à un dilemme complexe, où chaque décision pourrait transformer durablement le destin de la nation.
En somme, cette analyse percutante soulève des préoccupations importantes sur l’avenir de la RDC. Tandis que la diplomatie régionale évolue rapidement, le rôle des Congolais dans la définition de leur propre destinée sera plus que jamais déterminant.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
