Depuis mardi dernier, une campagne de distribution de masse des médicaments de lutte contre l’onchocercose et la schistosomiase mobilise plus de 300 000 personnes dans la zone de santé de Beni, au Nord-Kivu. Ces deux maladies tropicales négligées continuent de poser un sérieux problème de santé publique, bien que la communauté semble, à tort, les sous-estimer. Comment ce programme espère-t-il atteindre ses objectifs malgré les défis sécuritaires et logistiques ? Voici les détails.
L’initiative, destinée à toutes les personnes âgées de cinq ans et plus, vise à immuniser une large tranche de la population. « Toute personne à partir de 5 ans est éligible. Nous invitons chacun à prendre ces médicaments pour se protéger contre l’onchocercose. Par rapport aux vers intestinaux et à la schistosomiase, la principale cible, ce sont les enfants en âge scolaire, mais ces derniers recevront également des traitements préventifs contre l’onchocercose », explique Hyppolite Sangala, médecin et coordonnateur du programme. L’objectif ambitieux, précise-t-il, est de couvrir au moins 80 % de la population de Beni, soit environ 320 000 personnes.
Pour Michel Tosalisana, médecin chef de zone de santé de Beni, cette campagne constitue également un levier pour renforcer la résilience des communautés face aux crises. « Cette action s’inscrit dans le cadre plus global de la lutte contre les endémies et dans l’approche “one health”, qui met en synergie la santé humaine, animale et environnementale. Étant donné que nous opérons dans une zone en conflit, cette campagne contribue à réduire les vulnérabilités des populations », affirme-t-il.
La distribution des médicaments se fait de manière diversifiée afin de toucher un maximum de personnes : porte-à-porte, structures sanitaires désignées, et également dans les écoles. Cette démarche vise à surmonter les différents obstacles d’accessibilité en terrain difficile. Ce n’est pourtant pas le premier défi auquel est confrontée cette action humanitaire. Initialement prévue l’année dernière, elle avait dû être reportée en raison de problèmes sécuritaires récurrents dans la région de Beni, connue pour ses multiples tensions armées.
L’onchocercose, cette maladie des yeux et de la peau provoquée par des microfilaires, peut entraîner des démangeaisons intenses et des lésions cutanées graves. Quant à la schistosomiase, elle est causée par des trématodes du sang, contractés principalement par contact avec des eaux douces contaminées. Ces deux maladies, bien que négligées globalement, restent des fléaux sanitaires dans les zones endémiques comme celle-ci.
L’appel des médecins impliqués dans cette initiative est solennel : que chaque habitant éligible s’engage à prendre ces traitements pour protéger non seulement sa propre santé, mais aussi contribuer au bien-être collectif. Cette campagne marque un pas important dans le combat contre les maladies tropicales négligées, tout en renforçant la résilience communautaire dans cette région instable. La santé publique à Beni est sans nul doute à un tournant décisif.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd