À Mwene-Ditu, le projet de construction et de modernisation de l’Hôpital Général de Référence Tshiamala, lancé en grande pompe le 11 août 2021 par le gouvernement central, est aujourd’hui à l’arrêt depuis près de quatre longues années. Cette situation alarmante suscite des interrogations et une grande inquiétude au sein de la population locale, exacerbée par l’absence de tout commentaire ou explication de l’entreprise chargée des travaux, Kippelo Machind Multi Services (EKMM). Plus troublant encore, cette dernière semble avoir disparu des radars.
Selon Me Humberto Bukasa, coordonnateur provincial de la Nouvelle Société Civile du Congo, le désarroi de la communauté est palpable. « Nous sommes très inquiets en tant que société civile. Nous recevons des plaintes tous les jours de la part des membres de la communauté qui, au départ, étaient très enthousiastes à l’idée de ce projet. Mais aujourd’hui, l’espoir a laissé place à l’ironie. Depuis le début des travaux, on ne dépasse pas le niveau de la charpente, et cela fait bientôt quatre ans que rien ne bouge », déplore-t-il. Les tentatives de retrouver les responsables de EKMM sont restées vaines. « Nous ne savons même pas quand ils ont quitté la ville », ajoute-t-il.
Mais au-delà du simple arrêt des travaux, c’est l’impact de cette situation qui inquiète davantage. Les bâtiments inachevés deviennent un repaire pour les auteurs de l’insécurité locale. Humberto Bukasa souligne que le chantier à l’abandon est devenu une toile de fond inquiétante : « Les briques s’écroulent, la brousse envahit l’intérieur, et ce lieu est désormais un refuge pour des activités illicites. Nous soupçonnons même qu’un détournement de fonds pourrait se cacher derrière cette déplorable situation. »
Par ailleurs, l’abandon du chantier impacte fortement les conditions de soins dans cette région de la RDC. L’Hôpital utilise toujours les anciens bâtiments, qui sont décrits comme étroits et précaires. Selon Me Bukasa, « Les locaux actuels ne disposent pas d’une bonne aération pour les malades, ce qui rend les conditions inacceptables et indignes pour une ville comme Mwene-Ditu. Ces conditions délétères ont des répercussions graves sur la santé et les soins des habitants. Mwene-Ditu ne mérite pas cela. »
La société civile ne compte pas rester les bras croisés. Les membres promettent de veiller à ce que ce dossier ne tombe pas dans l’oubli et appellent à une mobilisation citoyenne. Ils envisagent des actions, y compris des manifestations pacifiques, pour pousser les autorités locales, provinciales et nationales, ainsi que les élus, à prendre leurs responsabilités et à redémarrer un chantier qui avait été initialement financé à hauteur de plus de 400 000 dollars américains.
L’avenir du projet reste pour l’instant incertain. Cependant, la situation à Mwene-Ditu met en lumière un problème plus large et récurrent dans plusieurs régions de la République Démocratique du Congo : des projets prometteurs abandonnés, un sentiment d’abandon pour la population et une gestion opaque des fonds publics. Cette saga captivante soulève des questions brûlantes : Qui est responsable de cet abandon ? Pourquoi l’entreprise EKMM est-elle introuvable ? Et comment la situation de projets similaires peut-elle être évitée à l’avenir ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd