Le regard des commerçants d’Uvira se tourne avec prudence vers l’avenir. À la lumière d’un appel lancé le mardi 11 mars par le gouvernement provincial du Sud-Kivu, les opérateurs économiques de cette région stratégique ont été encouragés à reprendre leurs activités, paralysées par les séquelles d’une guerre d’agression. Cependant, l’ambiance est loin d’être à l’optimisme aveugle : la prudence demeure le mot d’ordre.
Lors d’une réunion tenue pour évaluer la situation sécuritaire et baliser les contours d’une éventuelle relance économique, les commerçants ont dressé un tableau crispant des conditions sur le terrain. Byamungu Zembezembe, figure connue du commerce local, a été l’un voix majeures portées sur la scène de ces discussions. Selon lui, la clef de toute reprise repose sur deux éléments fondamentaux : la sécurité et le contrôle strict des armes dans la région. « Nous ne pouvons pas commencer à ouvrir des magasins et des entreprises alors qu’il règne une prolifération des armes. Les groupes armés, qu’il s’agisse des éléments Wazalendo ou des FARDC incontrôlés, sont omniprésents », a-t-il martelé, traduisant la détresse et l’inquiétude générale.
La sécurité est ainsi le front principal à adresser. Uvira, zone économiquement vitale du Sud-Kivu, est fortement affectée par l’insécurité persistante. En plus des risques de pillages et d’extorsions, les violences ciblées entravent lourdement toute perspective de reprise durable.
L’accompagnement institutionnel joue aussi un rôle pivot. Les commerçants demandent avec insistance le redémarrage des activités bancaires et la réouverture des institutions de microfinance. « Les banques sont indispensables pour sécuriser nos activités et pour fluidifier les transactions financières. Sans elles, nous serons toujours exposés », insiste Zembezembe. Cette panne institutionnelle cumule les obstacles et accentue la réticence des investisseurs locaux alors même que la région possède un potentiel économique notable.
Sur les bancs d’Uvira, la population espère une réponse rapide et concrète de la part des autorités. Les efforts devront s’orienter tant vers la restauration d’un climat de paix que vers la réhabilitation d’un réseau financier fonctionnel. Ces conditions sont la porte d’entrée à la confiance, pilier essentiel à tout redressement économique.
La reprise économique d’Uvira n’est pas qu’une affaire régionale. Elle s’inscrit dans le panorama économique global de la République démocratique du Congo (RDC). La relance des activités à Uvira pourrait symboliser une brèche dans le mur complexe des défis sécuritaires et économiques de tout le pays. La question reste toutefois ouverte : les autorités sauront-elles agir à la hauteur des espérances ? À défaut, Uvira pourrait rester prisonnière d’une instabilité qui menace non seulement son tissu économique, mais aussi le bien-être de ses habitants.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net