Le 14 mars est une date clé pour la santé mondiale, notamment à travers la célébration de la Journée mondiale du rein. Cet événement est une occasion de sensibiliser sur une maladie silencieuse mais dévastatrice : l’insuffisance rénale. Dans ce contexte, le néphrologue Vincent Nkamba, contacté pour cette journée particulière, apporte un éclairage précieux sur cette problématique qui touche de nombreuses femmes à Kinshasa.
L’insuffisance rénale se manifeste par une incapacité progressive des reins à filtrer les déchets et l’excès de liquide du corps. Les conséquences peuvent être graves, allant de la fatigue chronique aux problèmes cardiaques avancés. Pour beaucoup, cette maladie passe inaperçue jusqu’à des stades critiques. En République démocratique du Congo (RDC), les causes principales identifiées sont l’hypertension artérielle non traitée et le diabète, ces derniers devenant alarmants chez la population congolaise. “Les infections urinaires répétées, souvent liées à une mauvaise hygiène ou à l’accès limité aux soins médicaux, aggravent également la situation, en particulier chez les femmes”, souligne le Dr Nkamba.
Les femmes, davantage touchées, font face à des défis spécifiques. Elles sont confrontées, entre autres, à des grossesses successives et à des épisodes d’anémie, facteurs susceptibles d’aggraver leur santé rénale. À Kinshasa, la gravité de l’insuffisance rénale est accentuée par des conditions socio-économiques difficiles. La grossesse non suivie et l’accouchement à domicile sont souvent associés à des complications rénales souvent diagnostiquées trop tard. Les femmes âgées, dépourvues d’une éducation sanitaire adéquate, sont particulièrement vulnérables.
Mais quels sont les moyens de prévenir ce fléau ? “Tout commence par la sensibilisation”, affirme le Dr Nkamba. Une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et des contrôles fréquents des taux de sucre et de la pression sanguine sont des mesures essentielles. Des campagnes de prévention, en particulier pour les femmes, pourraient contribuer à limiter l’incidence de la maladie sur le long terme.
Cependant, la prise en charge de cette maladie reste un défi majeur en RDC. Bien que la dialyse et la transplantation rénale soient des traitements disponibles, leur coût élevé et le manque d’infrastructures spécialisées limitent leur accessibilité pour de nombreuses patientes. De plus, le pays souffre d’un déficit en personnel médical qualifié pour traiter les pathologies rénales. Pourtant, des progrès se dessinent : des formations spécialisées se multiplient et des initiatives en matière de prévention gagnent du terrain.
Mais quels sont les leviers à actionner pour améliorer cette situation ? Le Dr Nkamba insiste sur l’importance de renforcer les structures publiques de soins de santé et de rendre les équipements médicaux accessibles. Une politique de santé publique adaptée, misant sur l’éducation sanitaire et le suivi médical, pourrait transformer la prise en charge des maladies rénales en RDC.
La Journée mondiale du rein n’est pas seulement une opportunité de sensibilisation : c’est un rappel de l’urgence d’agir pour protéger la santé rénale des Congolais et plus encore, des Congolaises. En mettant en avant des campagnes adaptées et une amélioration concrète des infrastructures de santé, le pays peut espérer limiter l’impact dévastateur de l’insuffisance rénale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd