La route Kindu-Lukando, longue de 60 kilomètres, reliant Kindu à Dingi et Bafundo dans la province du Maniema, s’impose aujourd’hui comme un symbole d’abandon et de désorganisation. Ce qui était autrefois un axe vital pour le transport de vivres et de produits agricoles est devenu un véritable parcours du combattant pour ses usagers. Les nids-de-poule et les bourbiers rendent cette route quasi impraticable, suscitant la colère et les inquiétudes des habitants.
De Kindu à Lukando, chaque déplacement s’apparente à une confrontation directe avec des obstacles infranchissables. Pourtant, cette route joue un rôle crucial pour le Maniema, région où les produits cultivés dans les villages d’Oluo, Chombe Kilima, Bafundo et Kimiakimia nécessitent cette liaison pour être acheminés vers des marchés plus larges, via le fleuve Congo. L’état désastreux de cet axe de communication ralentit considérablement l’accès à Kindu, chef-lieu de la province, limitant non seulement la commercialisation des denrées agricoles mais également le développement économique de toute une région.
Face à cette situation, des voix se sont élevées pour adresser un plaidoyer aux autorités provinciales et nationales. Merveille Katambu, une commerçante de la région, a pris la parole pour exprimer le désespoir dont souffrent les agriculteurs et entrepreneurs locaux : “Chères autorités, aidez-nous à réhabiliter cette route. Nous souffrons. Nous ne savons pas comment évacuer nos produits agricoles.” Ces mots illustrent une crise plus large touchant directement les usagers comme les conducteurs de motos-taxis qui, eux aussi, subissent cette dégradation.
Le coût de ce chaos logistique se répercute sur les habitants. Un conducteur de moto-taxi témoigne : “Il est difficile de rouler de Lukando à Kindu. L’état de la route ne nous permet pas de bien travailler. Pour une distance de 60 kilomètres, il faut parfois rouler toute une journée. À cause de cet état, nous sommes contraints de demander 70 000 francs congolais par personne.” Ces tarifs exorbitants ajoutent un fardeau supplémentaire aux riverains déjà confrontés à des difficultés économiques.
Même le gouverneur de la province, Moussa Kabwankubi, a expérimenté les défis de cet axe lors de ses déplacements. Conscient de l’urgence, il a promis la réhabilitation de cette route : “Au lieu de faire ce trajet en trois heures avec un véhicule, aujourd’hui certains mettent six heures après de multiples acrobaties,” a-t-il déploré. Si cette promesse remplit les cœurs d’espoir, les habitants, sceptiques, attendent des actes concrets.
La dégradation de la route Kindu-Lukando ne se limite pas à un simple problème de transport. Elle illustre les grands défis d’infrastructures auxquels la République démocratique du Congo fait face, où la négligence des axes routiers entrave directement la croissance sociale et économique. Combien de temps encore la population devra-t-elle attendre pour que les priorités soient enfin ajustées ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net