Dans un contexte de fragilité et de désespoir, le retour de plus de 78 000 personnes dans leurs villages du Nord-Kivu depuis janvier 2025 marque un tournant symbolique pour cette région profondément marquée par les violences armées. Selon un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), consulté récemment, ces retours, bien qu’encourageants, s’accompagnent de défis majeurs.
En particulier, plus de 28 000 individus ont récemment réintégré leurs communautés dans la zone de santé de Mweso, située dans le territoire de Masisi. Cela porte à plus de 78 000 le nombre total de personnes revenues dans leurs localités d’origine en l’espace de trois mois. Cependant, cette résilience des populations locales se heurte à une réalité brutale : la quasi-destruction des infrastructures de base. L’accès aux soins médicaux, à l’éducation et aux moyens de subsistance demeure dramatiquement limité, rappelant l’ampleur des efforts nécessaires pour reconstruire ces territoires.
Face à ces difficultés, les organisations humanitaires sont à pied d’œuvre. Des distributions de vivres et de biens non alimentaires sont organisées pour répondre aux besoins immédiats des familles. Néanmoins, OCHA pointe des obstacles persistants qui continuent de compliquer les interventions. Parmi eux, les défis sécuritaires et logistiques affectent la livraison et l’implantation de l’aide humanitaire. L’insécurité ambiante dans plusieurs localités est un véritable frein, exigeant une meilleure coordination inter-agences pour assurer la sécurité et l’accès aux services essentiels.
Une situation particulièrement alarmante réside dans la fermeture des banques et des institutions de microfinance. Cette mesure, bien que temporaire, entrave sérieusement l’exécution des transferts monétaires, pourtant clé dans la distribution de l’aide d’urgence. À cela s’ajoute la fermeture depuis fin janvier de l’aéroport de Goma, ce qui force les humanitaires à emprunter des itinéraires plus longs et coûteux via la Tanzanie et le Rwanda. Cette perturbation, combinée aux retards douaniers, a ralenti l’acheminement de cargaisons humanitaires essentielles, y compris celles arrivées avant la prise de contrôle de Goma par les forces rebelles.
Malgré ces défis, l’appel d’OCHA pour une réhabilitation des infrastructures détruites ne peut être ignoré. Ces recommandations incluent un soutien renforcé à ces populations afin qu’elles puissent non seulement survivre mais également reconstruire leur vie. Le rapport résonne comme un cri d’alarme, mettant en lumière l’engagement nécessaire de la communauté internationale pour accompagner le Nord-Kivu sur la voie de la stabilité et du développement durable.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net