Trois semaines après l’appel du président Félix Tshisekedi à la formation d’un gouvernement d’union nationale, le paysage politique en République démocratique du Congo demeure marqué par des tensions croissantes. Cette proposition, présentée comme une solution face à une complexité politique croissante, a été rejetée en bloc par l’opposition, illustrant un malaise profond au sein de la classe politique congolaise.
Dans un pays déjà confronté à d’innombrables défis sécuritaires et économiques, la mise en œuvre d’un gouvernement d’union nationale aurait pu être perçue comme une stratégie de concertation. Mais les nuances de cette initiative, particulièrement le refus catégorique de Tshisekedi d’intégrer le M23/AFC dans les discussions pour la paix, ont accentué la distanciation entre les différentes parties prenantes. Cette décision, bien que compréhensible au vu des tensions armées dans l’est du pays, renforce le sentiment de scepticisme généralisé au sein de la population et des acteurs politiques.
Les propos récents du président qualifiant son précédent gouvernement « d’union sacrée de la nation » de nid de « traîtres » n’ont fait qu’aggraver cet état de méfiance. En coulisses, des leaders de l’opposition, à l’instar de Martin Fayulu et Jean Marc Kabund, expriment une sévère désapprobation, accusant le président d’un manque flagrant de sincérité et d’un échec dans la tenue de ses engagements passés. Ces critiques ne font qu’accentuer une fracture entre le pouvoir et son opposition, instaurant une crise de confiance qui s’étend bien au-delà des sphères politiques.
Parallèlement, l’Est de la RDC demeure ensanglanté, pris au piège d’une instabilité provoquée par des agressions incessantes et une fragilité militaire exacerbée. Face à ces défis, le président semble envisager la formation d’un nouveau gouvernement, un “Suminwa II”, avec comme priorité absolue la sélection de technocrates compétents et intègres. Cette perspective, bien qu’ambitieuse, suscite des interrogations légitimes quant à sa mise en œuvre effective, surtout dans un contexte où l’histoire politique du pays regorge de promesses de réformes non tenues.
Au-delà des querelles de pouvoir, un véritable dialogue inclusif, impliquant les partis politiques et les communautés affectées par la guerre, semble être une nécessité urgente. Les enjeux de paix et de sécurité requièrent des actions concrètes, condition sine qua non pour bâtir une nation résiliente et un avenir stable pour les millions de Congolais. À l’approche des élections prévues pour 2028, l’espoir d’un consensus national crédible semble encore fragile, mais non impossible.
Une question fondamentale émerge alors : Félix Tshisekedi saura-t-il prouver sa sincérité dans cette démarche d’union nationale ? La réponse à cette interrogation reposera sur sa capacité à transcender les clivages politiques et à nourrir une véritable volonté de réforme. Les Congolais attendent un leadership courageux, capable de transformer les défis actuels en opportunités pour l’avenir de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
