Kinshasa, capitale effervescente de la République démocratique du Congo, fait face à une crise qui mine son quotidien : l’état de ses routes. Du boulevard du 30 Juin, en plein cœur de la ville, au district de la Tshangu au versant est, des nids-de-poule jonchent les voies, créant des situations chaotiques pour les usagers de la route.
Les Kinois sont unanimes : aucun quartier n’est épargné de ce fléau. Les habitants de Lemba et Matete, par exemple, affrontent chaque jour des bouchons interminables causés par un nid-de-poule géant sur le boulevard Bypass. Dans le même registre, les automobilistes du boulevard Lumumba — un axe central menant à l’aéroport international de Ndjili — doivent composer avec de nombreux trous, notamment à proximité de l’échangeur de Limete. Ces failles sont souvent obstruées par des bouteilles plastiques, jetées négligemment par les piétons qui fréquentent le lieu.
Le boulevard Lumumba, surnommé en mémoire du tout premier Premier ministre de la RDC, caractérise tristement cette crise. Malgré son importance stratégique, il est parsemé de dos-d’âne improvisés, réalisés avec du goudron de fortune. Les avenues connectées à cet axe ne présentent pas un tableau plus reluisant. Avenue des Huileries, avenue Kabinda, avenue Nyangwe… Tous ces axes, autrefois essentiels pour la circulation à Kinshasa, montrent une image de désespoir. L’avenue Kabinda, pour sa part, détient un triste record avec une fondrière si profonde qu’elle retient des eaux stagnantes, entravant gravement la circulation et mettant en danger la sécurité des usagers.
Du côté des étudiants, particulièrement ceux de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et de l’Université Libre de Kinshasa (ULK), le calvaire est tangible. Les routes vers leurs établissements, notamment l’avenue de l’Université et la route Mokali, illustrent parfaitement la décrépitude des infrastructures routières. Cette dernière, selon Grâce Bipendu, étudiante, est presque impraticable au point qu’elle se tourne vers les tricycles et les motos pour tenter de rejoindre son domicile, au péril de sa sécurité.
Autrefois, un vaste projet intitulé « Kinshasa zéro trou » avait pourtant été entrepris par le gouvernement national en 2022. Ce programme promettait la réhabilitation d’environ 86 kilomètres de route pour un budget colossal de 32 millions de dollars américains. Bien que des travaux aient été effectués sur 39 kilomètres et que la seconde phase ait permis de rénover 46 autres kilomètres, les résultats sur le terrain ne répondent pas aux attentes des populations. Les Kinois s’interrogent sur l’efficacité et la transparence de telles initiatives, car les défis persistent de façon alarmante.
Cette dégradation des routes amplifie les retards dans les déplacements, perturbe l’économie locale et exacerbe les inégalités sociales. Si des solutions ne sont pas vite trouvées pour pallier ce problème, Kinshasa pourrait bien s’enliser davantage dans ce désarroi urbain qui fragilise un peu plus la vie de ses habitants.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd