Le ciel de Bunia, dans la province de l’Ituri, semblait chargé d’une ambiance lourde ce samedi 8 mars, alors que les organisations féminines locales célébraient la journée internationale des droits des femmes dans une atmosphère empreinte de gravité et de réflexions profondes. Loin des festivités habituelles qui marquent cette journée dans d’autres régions, la commémoration a pris une tournure solennelle, marquée par des prières et des méditations collectives. La cérémonie a vu la participation d’une dizaine de structures de la société civile, toutes animées par une volonté commune : alerter sur la situation alarmante des femmes dans cette province en proie aux violences des groupes armés.
Les témoignages ont été poignants, révélant une réalité où les droits des femmes sont continuellement massacrés dans les zones contrôlées par ces factions armées. Marie Kabazaire Baguma, porte-parole du mouvement « Rien sans la femme en Ituri », a lancé un appel déchirant : « Nos communautés ont besoin de retrouver la paix. Ces exactions doivent cesser. » Ces mots résonnent comme un cri venant des profondeurs d’un territoire meurtri, où les femmes ne demandent qu’une chose, le retour d’une vie digne, loin de la psychose engendrée par ces actes de violence.
L’un des moments clés de cette journée a été la mise en exergue de l’importance de l’union entre les femmes pour rechercher des solutions durables et favoriser la paix. Plusieurs intervenantes ont exhorté leurs consœurs à se ranger derrière ces initiatives, qu’elles soient citoyennes ou institutionnelles. Jean-Marc Mazio, du bureau Genre de l’Ituri, a rappelé l’importance pour les décideurs de soutenir ces organisations féminines. Selon lui, « placer la femme au centre des décisions est crucial pour rebâtir une société harmonieuse et inclusive ». Ce message vise à éveiller les consciences, dans une société où les rôles décisionnels sont encore majoritairement sous domination masculine.
Pour témoigner leur solidarité envers les forces armées engagées dans des opérations contre la coalition rebelle M23/AFC, les participantes ont également organisé une collecte de fonds. Cet acte visait à contribuer, même modestement, à l’effort sécuritaire, signe de leur engagement dans la lutte contre l’agression de la RDC par des forces extérieures, notamment en relation avec le Rwanda.
Cette commémoration symbolise une étape importante dans la lutte des femmes pour leurs droits en Ituri, célébrée certes dans la douleur, mais empreinte d’espoir. Espoir que la paix revienne, que les droits essentiels soient respectés, et que les femmes, moteurs de la reconstruction, soient enfin au centre des décisions. Une question demeure : combien de temps faudra-t-il pour que cet appel à l’unité, à la paix et à la justice trouve une réponse adéquate ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net